Pour une construction adaptée à l'environnement
L'extension du Lycée Professionnel Saint-Vincent de Paul (Institution Notre Dame La Riche)

Tours, février 2015
  1. L'état des lieux

    Nota : cet état des lieux n'est fidèle qu'à ma perception des lieux. A. B.

    • A : Espace arboré (photo ci-dessous)
    • B : Fort Dodge (ancien bâtiment industriel qui sera détruit)
    • C : Maisons particulières, avec courettes par derrière
    • E (double encadré bleu) : espace bitumé où il apparaît qu'il est possible de construire
    • F (encadré rouge) : la construction actuellement projetée
    • L : Emplacement actuel du lycée
    • R : Batiment de l'ancien couvent des Recollets
    • V : Bâtiment voisin d'habitations

    D'après photo Google Map.



    (l'espace vert à droite est hors emprise et doit donc rester)
    En haut à gauche : espace arboré A au premier plan, fort Dodge B en arrière plan

    En haut à droite : espace bitumé E, côté Est

    Ci-contre : espace bitumé E au premier plan, côté Ouest, fort Dodge B en arrière plan (cachant A) et sur la droite le bâtiment d'habitation V

    Le lien entre les deux dernières photos se fait par le panneau de basket.

    Le 21 février 2015, l'AQUAVIT a été alertée par une riveraine de l'abattage prévu de beaux arbres dans le secteur sauvegardé, à l'occasion d'une construction à venir pour le compte de l'Institution Notre Dame La Riche. Ce même jour une opération portes-ouvertes permettait de prendre connaisance du projet sur les lieux mêmes.

    Ce qui frappe immédiatement, c'est le contraste entre l'étroitesse de la petite parcelle boisée (A) et l'immensité de l'espace bitumé (E) à l'intérieur des murs du lycée (espace qui se révèle être pratiquement inutilisé comme terrain de sport). N'y-a-t-il pas assez de bitume et de béton pour qu'on veuille bétonner ce coin de vie qui illumine les lieux ? Le riverains, notamment ceux qui sont dans les bâtiments d'en face y sont très attachés. Pour eux, ce lieu, laissé à l'abandon, est une attraction pour la beauté des arbres et pour tous les oiseaux qui apprécient leurs branches. Le savoir condamné est un crève-coeur.

    De plus, en dehors même de cette destruction, pourquoi placer ici cet immeuble qui gênera autant les habitants de l'immeuble collectif (V) (cachant le soleil matinal) que des maisons particulières (cachant le soleil du soir), alors qu'une position plus centrale (sur E), ne présenterait pas cet inconvénient ? La logique de cet emplacement nous échappe complètement.

  2. 2. Le mépris de la trame verte

    Comment se fait-il que ces quelques arbres survivants, réfugiés dans un coin où ils dérangent si peu, ne soient pas épargnés par le nouvel aménagement ? Ils sont pourtant une chance afin que les éléves et enseignants disposent d'un agréable coin de nature épanouie. Dans un secteur très minéralisé, de telles petites zones naturelles préexistantes sont indispensables pour créer des noyaux de biidiversité, comme il est écrit dans les objectifs sans cesse bafoués du Plan Local d'Urbanisme (orientation 4).


    Ci-dessus : avant et après (A)
    Ci-dessous les habitations à droite (V) auront la vue bouchée par le nouveau bâtiment (F)
    (illustrations d'après la demande de permis de construire)

  3. Une explication à la Kafka

    La direction de l'établissement a expliqué comment on en est arrivé là. Cela tient en deux points :

    1. Le bosquet (A) est considéré dans le PSMV comme une friche. Certes, au pied de la lettre, c'est une terre non cultivée à l'abandon, mais la présence de hauts arbres, dont un tilleul centenaire, n'en fait-il pas autre chose ?

    2. Le PLU et le PSMV contiennent ce qu'on appelle un "règlement" qui définit les hauteurs et distances minimales à respecter en matière de construction. Par exemple 17 mètres d'écart minimum entre deux bâtiments. Les services d'urbanisme de l'ABF (Architecte des Bâtiments de France) et de la mairie de Tours ont appliqué à la lettre ces prescriptions. Ce sont elles qui imposent de laisser intacte la grande cour bitumée (E) et de construire seulement le long de la rue Delpérier (F). Pourtant, les bâtiments qui bordent la cour E ne sont pas des habitations et donc les sacro-saintes règles n'ont pas lieu d'être respectées à ce point, surtout que des construction en cette zone E arrangerait tout le monde, l'institution et le voisinage. Et c'est apparemment possible en respectant les consignes de sécurité (accès pompiers...).

  4. Pour que vivent les établissements scolaires en centre-ville

    La direction de l'établissement préfèrerait largement construire en E, cela lui permettrait de s'étendre beaucoup plus, comme l'a fait le lycée Descartes il y a quelques années. Là en F, coincée le long de la rue Delpérier, elle ne disposerait que d'un bâtiment limité avec des salles de classes en longueur peu éclairées, et sans possibilité de s'étendre par la suite.

    4. Confrontée à ses besoins d’extension, l'Institution Notre Dame la Riche s'est vue limitée par l’impossibilité - justifiée, à notre avis - de démolir le couvent des Recollets. Un peu de compréhension aurait été bienvenue pour ne pas s’en tenir au règlement et autoriser des constructions en E qui arrangeraient tout le monde.

    C'est d'autant plus nécessaire qu'il est essentiel de garder en centre-ville de tels établissements scolaires (la fermeture du colège Pasteur est un précédent scandaleux). L'institution a hésité - devant tant de contraintes - à s'installer en périphérie. C'est bien joli de souscrire à un SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) prônant la proximité, mais il faut le vouloir davantage que de respecter à tout prix des règles faites pour d'autres environnements.

  5. Pour un consensus, notre recours gracieux au maire

    Le permis de construire (le bâtiment F) a été accepté et affiché le 31 décembre 2014, des recours se préparent. Il est encore temps pour les diverses parties de se rencontrer et de partir sur une solution plus satisfaisante. C'est en ce sens que nous avons déposé auprès du maire le recours gracieux que voici :

    Tours, le 27 février 2015,

    Monsieur le Maire,

    Un permis de construire a été délivré pour édifier un bâtiment rue Delpérier au profit de l’institution Notre Dame La Riche, afin de réaliser une extension au Lycée Saint François de Paul.

    Ce permis de construire nous semble affecté de faiblesses rédhibitoires :
    • L’emprise au sol condamne un des rares espaces verts du quartier, comportant de très beaux arbres disposés sur un petit périmètre en angle, qu’il aurait donc été facile à sauvegarder. Les riverains sont très attachés à la pérennisation de cet espace vert.
    • Ce petit périmètre boisé aurait bénéficié dans l’ancien Plan de Sauvegarde d’une protection administrative. Nous avions déploré cette déclassification permise dans le cadre du PSMV révisé et étendu de la ville de Tours, adopté en décembre 2013. Nos craintes étaient donc justifiées : il n’existe plus aucune protection pour les arbres et espaces boisés.
    • Pourtant, une telle destruction est contraire à l’objectif de développement de la trame verte inscrit dans le PADD du PLU de Tours et remet en cause le paysage d’ensemble et l’environnement de la rue de la Bourde et de la partie Est de la rue Delpérier, dont un certain nombre de maisons sont protégées.
    • Il y a lieu de se demander si une étude d’impact préalable ne s’imposait pas.

    Cet aménagement provoque une émotion chez plusieurs riverains qui ont alerté l’AQUAVIT de ce projet et ont fait part de leur mécontentement, alimenté par d’autres contestations des choix retenus dans le domaine architectural :
    • La disposition du bâtiment par rapport aux voies préexistantes, sa volumétrie, sa hauteur sont porteurs de nuisances pour le voisinage. Compte tenu de la surface disponible, il apparaît qu’une autre implantation était possible.
    • Ce bâtiment, par son architecture et sa volumétrie, se rattache davantage à la partie Ouest, non sauvegardée, de la rue Delpérier, qu’à la partie Est de la rue de la Bourde, compte tenu notamment de la hauteur bien moindre du bâti préexistant. A quoi bon un secteur sauvegardé si on y construit indifféremment à l’intérieur et à l’extérieur ?
    • Nous sommes surpris par la hauteur des bâtiments RdC + 4 qui bouche l’horizon Est des habitants en vis-à-vis de la rue Delpérier (luminosité du matin) et l’horizon Nord-Est des habitants de la rue de la Bourde (luminosité du soir).
    • La photo de droite de la page 6 du document graphique nous apparaît choquante et contraire aux préconisations de M. le Maire refusant l’architecture en « cubes ».
    • Nous notons qu’une dérogation a été accordée pour adapter la hauteur ; des dérogations sont donc possibles pour aller dans le sens que nous préconisons.

    En accompagnement, une page de notre site présente de façon plus détaillée une solution qui pourrait faire consensus. Vous trouvez ci-jointe une copie à jour.

    Le choix actuel est-il le plus pertinent pour l’Institution Notre Dame La Riche elle-même, dans sa perspective d’extension ? Une réorientation des dérogations ne permet-elle pas une solution plus satisfaisante ?

    Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de nos salutations respectueuses.

    François Louault, Président de l’AQUAVIT

    Copie à :
    • L’association immobilière « Immobilière de l’Institution Notre Dame La Riche »,
    • M. l’Architecte des Bâtiments de France, Tours.

  6. Des riverains hostiles

    Le mars 2015, la Nouvelle République publie deux articles intitulés Notre-Dame-la-Riche va regrouper son offre et Des voisins hostiles au projet. Le premier indique que cette construction, d'un coût de 17 millions d'euros, n'est que la première étape d’un chantier appelé à se déployer dans la durée (gymnase, internat…), montrant manque de visibilité (pourquoi n'y a-t-il pas eu une étude d'impact d'ensemble ?) et précipitation (finir avant la rentrée 2016 !). Le second article signale qu'une pétition est lancée contre le nouvel aménagement et qu'un riverain a d'ores et déjà déposé un recours en contentieux devant le Tribunal Administratif d'Orléans. La proposition de transformer ce bosquet (un tilleul, un sapin et un palmier) en square n'est-elle pas à retenir ?


    Rue de la Bourde vue du côté Est (secteur sauvegardé) et du côté Ouest
    (photos Google Street)




    Notre communiqué du 9 avril 2015 :
    Notre-Dame-la-Riche : stop à la délinquance environnementale !

    Le lancement du chantier Notre-Dame-la-Riche (NDLR) prend une tournure déplorable. Fin février, l’AQUAVIT avait attiré l’attention sur le projet d’extension du lycée Saint François de Paule dans le secteur sauvegardé du vieux Tours en déposant un recours gracieux auprès de la mairie de Tours. Comme les riverains, notre association s’inquiétait de l’impact environnemental de l’aménagement (destruction d’un petit espace arboré), des choix architecturaux, de la nuisance pour le voisinage…

    Nous venons d’apprendre que l’institution n’avait pas répondu à plusieurs injonctions de la préfecture exigeant des analyses sur l'innocuité de ces sols et l'absence de traces dangereuses (consécutives aux expérimentations animales du laboratoire Sandoz sur la fièvre aphteuse), et que, en conséquence, par mesure de précaution, la mairie avait retiré le permis de construire.

    L’Institution NDLR cherche manifestement à prendre de vitesse toute opposition, en recourant à des méthodes indéfendables :
    • Dès réception de notre recours, le bosquet était détruit en quelques heures, au mépris des enjeux de biodiversité. Et en période de nidification.
    • Quelques jours plus tard, en réponse au retrait du permis de construire, l’institution lançait les engins de déconstruction sur le bâtiment « Ford Dodge », apparemment sans la moindre précaution, non seulement sur les traces dangereuses précitées mais aussi sur la présence d’amiante.
    • Début de dégradation sur une propriété voisine.
    • Irruption dans la propriété privée d’un voisin. Il avait osé déposer un recours en contentieux (Cf. article Nouvelle République du 4 mars 2015).

      Tout cela se fait dans la précipitation. Il est anormal qu’une étude d’impact sur l’ensemble du projet à venir n’ait pas été effectuée au préalable. Non seulement les contraintes du secteur sauvegardé ne sont pas respectées, non seulement la trame verte du Plan Local d’Urbanisme est détériorée, non seulement les voisins sont soumis à une intimidation inadmissible, mais en plus l’Institution n’hésite pas à mettre en danger la sécurité et la santé des riverains, voire des élèves. Quel mauvais exemple !

      Face à de tels agissements, l’AQUAVIT demande à la mairie et à la préfecture l’attitude la plus ferme pour mettre fin à ces dérives.


    Fort Dodge. Au fond à droite, le petit espace arboré a été rasé

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