Bulletin de septembre 2014


[Dessin Herbuis]
Bulletin de l'AQUAVIT de sept. 2014
Spécial Haut de la rue Nationale
Tours-hôtels, halte à la mystification !   Voir en second chapitre
Pour un aménagement respectueux du patrimoine arboré

Depuis vingt ans, tous les chantiers d'aménagement de la ville de Tours passent par la destruction préalable des espaces arborés, y compris protégés. Exemples : chantier du tram (mail du Sanitas, etc.), places emblématiques (Anatole France, Choiseul, etc.), places de quartier (Velpeau, Rabelais, etc.), alignements (Tonnelé, Maginot, etc.). A chaque fois, on nous ressert le même prétexte : les arbres sont malades ou mal placés, ce n'est pas grave, on va en replanter. Tant pis pour la biomasse et la biodiversité.

Face à ce qui s'apparente à une véritable délinquance patrimoniale, on a assisté à une montée des protestations. Celle des associations environnementales, la SEPANT, l'ASPIE, l'AQUAVIT. Cette dernière a fait de longue date de la défense de l'arbre l'une de ses priorités, quatre de ses membres ont naguère (en 2000) passé quelques heures au commissariat pour ce motif.

Un Collectif de défense des arbres à Tours (CODAT) s'est crée, certains de ses militants sont montés dans les arbres pour s'opposer aux abattages, organisant même un camp retranché (Sanitas 2011). Un ouvrage a révélé l'ampleur du désastre ("Tours et ses arbres qu'on ne laisse pas grandir" 2012). Les Tourangeaux déplorent aujourd'hui l'excessive minéralisation de leur ville, allant jusqu'à sévère- ment sanctionner le tronçonneur en chef lors des dernières élections municipales.

Et nous avons aujourd'hui la surprise de voir son successeur poursuivre les mauvaises habitudes. Le chantier de rénovation du haut de la Rue Nationale doit bientôt débuter par l'abattage des 70 érables planes du jardin François 1er, plantés il y a 60 ans. Et ce n'est qu'un début, les 50 arbres du square Prosper Mérimée, les 120 des casernes Beaumont et Chauveau doivent suivre. Y-a-t-il en France une autre grande ville se permettant un tel saccage ?

Dans le rapport que vient de publier le commissaire-enquêteur validant le projet du Haut de la rue Nationale, on lit : "L'ensemble des arbres sera a priori abattu. Toutefois, pour les sujets actuels situés sur les emprises végétales futures, une analyse au cas pour cas sera réalisée afin de déterminer l'opportunité et la possibilité de les maintenir". On y voit une illustration de la révision de 2013 du Plan de Sauvegarde qui légalise désormais tous les abattages des espaces anciennement classés, les pires excès deviennent possibles.

Il est encore possible de sauver une grande majorité des érables en place. Plus généralement, à quand des aménagements respectueux des arbres préexistants ? L'AQUAVIT souhaite que, comme dans d'autres cités, une "charte de l'arbre" soit mise en place pour une gestion plus éthique, assurant en particulier la notion de "durabilité des peuplements arborés".




Dessins de Herbuis dans des bulletins de l'AQUAVIT en 2002 et 2003. Le premier montre un abattage en 2 temps tel que celui du Bd Tonnellé et celui qui se prépare Bd de Preuilly : 1) on construit près des arbres 2) on abat les arbres gêneurs. Spécial Haut de la rue Nationale

Tours-hôtels, halte à la mystification !

L'aménagement du haut de la rue Nationale à Tours va défigurer l'emblématique entrée ancestrale de notre ville par la Loire. Qui s'en rend vraiment compte ? Qui s'en soucie ? Il sera bientôt trop tard pour réagir. L'enquête publique de juillet 2014 a validé un projet déjà contractualisé avec la SET, Eiffage, l'architecte, de grandes chaînes hôtelières, pour des intérêts privés plus que publics.

Le projet conçu en 2011 reste inchangé malgré trois enquêtes publiques qui ont donné l'occasion aux Tourangeaux d'exprimer leur opposition. En dépit de ses engagements pré-électoraux, la nouvelle municipalité a repris le projet en l'état et se propose même d'en accélérer la réalisation. Pourtant les enjeux liés à la multiplicité de projets immobiliers dégradant notre cadre de vie et notre patrimoine étaient au cœur de la campagne électorale et du mécontentement des électeurs.

Il est également permis de s'interroger sur la détermination de l'Etat, seul compétent en matière de sauvegarde du patrimoine, à exercer son autorité. L'Architecte des Bâtiments de France (ABF) peut pertinemment rappeler que "les deux bâtiments proue façade nord ne devront pas entrer en concurrence visuelle avec le clocher de l'église St Julien", nos décideurs n'en ont cure. En soustrayant toutes vues dérangeantes du côté Loire montrant le clocher masqué, en mettant en exergue d'autres vues en contre-plongée du sud ou de l'Est, le tour de passe-passe était joué. Même l'ABF est piégé par la supercherie, sa réserve ne sert à rien, le commissaire de la dernière enquête publique peut affirmer sans vergogne que "l’église Saint-Julien ne sera pas visible directement en venant du pont Wilson". L'AQUAVIT rappelle ses positions : oui à la rénovation, oui à la création d'un parvis devant St Julien, oui à la transformation du Centre d'Art Contemporain ; non au projet de tours-hôtels et au cube de verre condamnés par les Tourangeaux lors de l'enquête publique.

L'inscription de la Loire au patrimoine mondial impose le respect de la "vue universelle exceptionnelle", depuis la Loire, menacée par ce projet.


Dessin prémonitoire de Herbuis, d'un bulletin de 2003

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