[Dessin Herbuis]
Bulletin de l'AQUAVIT d'avril 2016
L'arbre en ville
Depuis sa création, l'AQUAVIT a accordé une attention primordiale à la sauvegarde et au développement du patrimoine arboré de l'agglomération tourangelle, notamment lors des grands chantiers. Nous estimons que l'arbre et, plus généralement, les espaces verts participent de façon déterminante à la qualité de la vie urbaine.
Des bienfaits indispensables
- Diminution de la pollution. Les arbres sont des puits de carbone. Ils réduisent les poussières, les différents polluants chimiques et les germes
microbiens, permettent un contrôle des eaux pluviales..
- Amélioration de notre santé. Les arbres diminuent les risques de dépression, d'anxiété, de maladies respiratoires, ils réduisent les excès de chaleur, diminuant notamment la surmortalité lors des canicules. Les espaces verts arborés sont des lieux propices à des activités physiques et en premier lieu à la marche. Des études scientifiques ont montré qu'ils aident à l'allongement de l'espérance de vie. Et en plus des économies sur le budget de la sécurité sociale...
- Embellissement de notre cadre de vie. Les arbres permettent un amortissement phonique, ils ont un apport esthétique et architectural. Constituant un patrimoine végétal, anciens, jeunes et futurs centenaires, à feuilles ou à aiguilles, sont un trait d'union entre générations. Pensez par exemple à ceux des boulevard Béranger et Heurteloup, à Tours...
- Enrichissement de nos écosystèmes urbains. Une ville riche en zones boisées a un caractère et une personnalité dont la population est fière et heureuse. Porteurs de biodiversité, nos majestueux compagnons de vie sont précieux pour la flore et la faune environnante, à commencer par les oiseaux, autres sympathiques compagnons de nos espaces trop minéralisés.
L'arbre dans l'agglomération tourangelle
Dans notre agglo, les documents d'urbanisme privilégient la place de la nature et de l'arbre : Plan Local d'Urbanisme (PLU) des communes, Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), Plan Climat. Au niveau national, depuis 1995, la Charte de l'Environnement, inscrite dans la Constitution, va dans le même sens. Pratiquement, les politiques menées ne sont souvent pas à la hauteur de ces engagements. Que faudrait-il pour qu'elles deviennent davantage efficaces ?
Pour une charte de l'arbre dans l'agglomération tourangelle
Des communes ou agglomérations de France et du monde ont adopté une Charte de l'arbre. Par exemple Amboise. Le contenu est variable, pouvant traiter un plan de gestion ou des principes éthiques. L'AQUAVIT dans son communiqué du 27 octobre 2015 écrivait : "Cela fait maintenant cinq ans qu'associations et collectifs environnementaux tourangeaux, las de constater la dégradation de notre patrimoine arboré, demandent la mise en place d'une telle Charte. L'idée semble avancer chez les élus, mais très lentement ; il n'y a pas encore lieu de croire qu'il existe une véritable volonté d'agir. L'AQUAVIT rappelle qu'une Charte de l'Arbre, donnant des moyens à une "équipe S.O.S. Arbres" permettrait enfin de vraiment instaurer une culture du respect de l'arbre urbain que la population appelle largement de ses vœux". Une telle équipe a été mise en place dans l'agglomération de Lyon. Et pourquoi pas, dans la voie des "incroyables comestibles", encourager la plantation d'arbres fruitiers ?
Voyez, ci-dessus, comme ce ginkgo biloba illumine un lieu très minéral (Tours, rue Paul-Louis Courier). Imaginez à la place un arbrisseau en pot, ça serait beaucoup plus tristounet. Surtout pour les oiseaux... Tant que c'est possible : Non aux arbres en bac, Oui aux arbres en terre !
Les oliviers traités comme de la marchandise
Une ou deux fois centenaires, ils sont sollicités pour apporter immédiatement la présence végétale qui se doit d'accompagner tout projet contemporain. La dimension symbolique sera livrée en prime. Ils font l'objet d'un trafic particulièrement lucratif développé par des industriels peu scrupuleux qui bénéficient de fonds européens pour renouveler les oliveraies espagnoles et italiennes notamment. Ces oliviers sont réduits au dixième de leur couronne et de leur racines puis mis en bac, véhiculés sur de longues distances et transplantés dans des climats parfois septentrionaux pour décorer d'une touche méridionale tel patio ou jardin, voire même au prix d'incessants trimballages, tribunes ou stands pour des occasions éphémères. Traiter la nature comme une marchandise m'apparaît comme une imposture. Ces pratiques qui nient les besoins du végétal, son temps, son espace, ses cycles et son ancrage, sont pour moi irrecevables. Sans compter leur coût énergétique et leurs incidences en terme d'exploitation, voire de pillage de ressources en terres lointaines et souvent vulnérables, tout cela pour assouvir les plaisirs de nos sociétés.
[Caroline Mollié, "Des arbres dans la ville", Actes Sud 2009]
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Dix commandements pour les arbres
- Respect : les arbres sont des êtres vivants, aussi vivants que vous ou moi. Mieux : ils sont nos protecteurs. Accordez-leur
le respect auquel ils ont droit en tant qu'êtres vivants et ne les traitez jamais par le mépris, comme s'ils n'étaient que du
mobilier urbain.
- Anticipation : avant de planifier un édifice ou un quartier neuf, faites appel à un urbaniste qui saura placer d'abord les
espaces verts et les lignes d'arbres : le bâti viendra seulement par la suite.
- Compétence : sachez vous entourer des meilleures compétences pour le choix des essences, la plantation, les tailles de
formation, l'élagage du bois mort et les diagnostics de sécurité.
- Prévoyance : prévoyez, pour chaque arbre planté, un volume suffisant pour sa couronne et ses racines lorsqu'il sera devenu
adulte : cela rend les tailles inutiles. N'oubliez jamais qu'un arbre non taillé n'est pas dangereux.
- Modestie : ne plantez jamais de "gros sujets" destinés à faire impression : c'est à la fois une perte de temps et un gaspillage
financier. La "frime" et les arbres ne vont pas ensemble.
- Honnêteté : ne croyez pas - et ne tentez pas de faire croire - que dix jeunes arbres vont remplacer un grand et vieil arbre
abattu : c'est une contrevérité sociale, écologique et financière.
- Non-violence : ne taillez ni les branches ni les racines d'un arbre, sauf obligation absolue. Ce n'est pas esthétique et cela
rend l'arbre dangereux.
- Civisme : soyez intraitables avec les comportements laxistes et inciviques vis-à-vis des arbres en ville : chocs, mutilations,
etc. Ils supportent très mal toute forme d'agression.
- Protection : N'oubliez jamais qu'abattre les arbres le long des axes routiers n'est en aucun cas une réponse adaptée aux
problèmes de la sécurité routière.
- Gratitude : aimer les arbres, c'est une autre façon d'aimer l'homme. Aimez vos arbres et vous aurez la satisfaction de
constater que vos concitoyens vous en témoigneront de la gratitude.
[Francis Hallé "Du bon usage des arbres", Actes Sud 2011, "à l'attention des élus"...]
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