Bulletin de mars 2014


[Dessin Herbuis]
AQUAVIT
PLAN CLIMAT DE L'AGGLOMERATION TOURANGELLE, OU EN EST-ON ?

    Les menaces qui pèsent sur l'évolution globale du climat (effets de serre) ont conduit les autorités planétaires à imposer aux états un certain nombre de mesures restrictives à décliner sur leurs diverses échelles territoriales.

    Ainsi le Plan Climat est devenu une pièce majeure en matière de réglementation environnementale. De nombreux documents d'urbanisme deviennent compatibles avec ses priorités. Dans l'agglomération tourangelle, c'est le cas du SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale, 2013), du PDU (Plan de déplacement Urbain, 2013), des PLU (Plan Local d'Urbanisme) et PLH (Plan Local d'Habitat) de chaque commune.

    Concrètement, où en est-on de l'application de ces mesures ? Sur la base de 2008, le Plan Climat de l'agglomération tourangelle prévoit une diminution des gaz à effets de serre (GES) de 8% en 2014, 20% en 2020, 75 %en 2050. Notre façon de vivre a t-elle changé au point de provoquer de telles améliorations ? Les objectifs seront-ils atteints ? Quels en sont les premiers effets ?

    Des effets clairement positifs :

    • La mise en place du tramway a réduit l'utilisation d'autobus sur l'axe principal nord-sud. Ses effets restent modestes en matière de GES et il y a lieu de se demander si la production d'électricité qui permet son fonctionnement n'est pas porteuse d'autres dangers. N'oublions pas aussi que les travaux eux-mêmes ont été un facteur de dégagements de GES.
    • La généralisation des zones 30 obligeant les automobiles à rouler moins vite.

    Des effets trompeurs :

    • L'ouverture du périphérique Est et des restrictions de circulation, comme au pont Wilson, ont permis de réduire la circulation automobile au cœur de la ville de Tours. Toutefois, globalement au niveau de l'agglomération, la circulation motorisée n'a pas diminué. Et le trafic sur l'autoroute A10 continue d'augmenter et augmentera encore avec son élargissement prévu.
    • Les mesures prises sur la circulation des vélos sont pleines de contradictions. On mélange piétons et cyclistes, on met des contresens sur des voies de transit à chaussée étroite. On a mis 10 ans à se décider à reconstruire la passerelle Fournier, cela fait 20 ans qu'on attend celle de St Cosme, l'agglo ne veut pas de liaison douce entre Febvotte et les Rives du Cher. Et les vols de vélos ne faiblissent pas... Il n'y a pas là de quoi encourager l'utilisation régulière du vélo. La réduction de 10 % des GES sur les déplacements escomptée en 2014 (toujours sur la base de 2008) ne sera pas atteinte.
    • L'isolation du bâti est un facteur positif, mais il s'effectue surtout sur des bâtiments neufs, dont l'augmentation a un effet négatif. La création d'immeubles hauts et la volonté d'en créer de nouveaux ne permettra pas d'atteindre l'objectif d'économie de 20 % de GES en ce domaine en 2014. De plus la construction d'un nouvel immeuble est productrice de GES.

    Des effets anecdotiques de faible ampleur :

    • L'installation d'une ferme caprine à la Gloriette, de quelques ruches...
    • L'exemple d'un achat de 5 hectares pour installer un maraicher... Le "soutien à la politique agricole de proximité" est dérisoire par rapport aux centaines d'hectares artificialisés

    Des effets clairement négatifs :

    • L'étalement urbain sur des terres agricoles : un ralentissement est imposé, mais il n'est guère suivi d'effets, notamment à Joué les Tours, avec la ZAC des Courelières pour lequel notre association a déposé un recours. On régresse dans l'objectif de "Construire la ville des courtes distances (maîtriser l’urbanisme)".
    • Un accroissement de la densité urbaine au détriment de la trame verte : constructions sans espaces verts, au point d'en mettre sur les toits (ça compte autant qu'au sol !), suppression de la protection des arbres dans le secteur sauvegardé de Tours, abattage irraisonné d'arbres (Sanitas, Halles etc.)
    • Une réduction de la trame verte : outre la densification urbaine et l'étalement urbain, s'ajoutent diverses causes, comme l'extension des réseaux ferroviaires (LGV) et routier (bois de Grandmont, bientôt l'élargissement de l'A10...). Cela s'accompagne d'un refus de créer des "îlots de biodiversité", comme au Vieux Groison.
    • Une réduction des services de proximité, avec notamment la fermeture des collèges Pasteur et Paul Valéry obligeant les élèves à utiliser des transports motorisés.

    Des effets prévus sur lesquels on ne peut être que dubitatif :

    • réduction de 50 % des pesticides d'ici 2018
    • la protection contre les risques d'inondation fait partie du Plan Climat. Comment se fait-il que la ville de Tours s'estime vertueuse en ne construisant pas de logements en rez-de-chaussée dans le nouveau quartier des casernes, alors qu'elle autorise leur construction en des lieux plus sensibles comme le quartier Velpeau ?

    Fin 2012, un document intitulé "Bilan à mi-parcours – Plan Climat 2011-2014" dissout le bilan dans une présentation générale des actions de développement durable, se dispensant ainsi de tout chiffrage précis et contrôlable. Nous restons sur des objectifs que l'AQUAVIT approuve, mais ils ne sont que des vœux pieux que les municipalités de l'agglomérations se montrent incapables d'atteindre. Sont en cause un manque de volonté, un manque de cadrage (objectifs à chiffrer et répartir commune par commune), un manque de transparence (où en est-on des objectifs ?), un manque de contrôle et un manque de sanction pour les communes laxistes, comme Joué lès Tours et Tours, les deux villes les plus importantes du département.

    L'arrivée de nouvelles équipes municipales peut-elle laisser espérer une véritable prise de conscience pour appliquer des mesures énergiques qui s'imposent d'urgence ?


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