Monsieur le Commissaire Enquêteur,
Le projet de modification n°1 du Plan local d'Urbanisme de la Ville de TOURS (PLU) comporte cinq points parmi lesquels deux font l'objet de cet avis :
- La modification du plan des hauteurs de l'Institut Rougemont :
Dans le rapport de présentation, il est écrit :"Le plan des hauteurs est modifié pour permettre l'implantation d'une œuvre d'art pouvant atteindre une hauteur comprise entre 17m et 18 m". Puis :"La statue sera implantée en bordure de l'autoroute A10". Il s'agit de la "femme Loire" dont le projet d'implantation a proximité immédiate de l'Abbaye de Marmoutier a soulevé un tollé général. Comme le montre la vue Google map jointe, l'emplacement projeté est situé en haut du coteau, légèrement décalé à l'Est par rapport à l'abbaye. Les documents fournis ne permettent pas d'apprécier le futur impact visuel depuis la Loire. Lorsque Pfizer implanta un bâtiment de stockage à POCÉ SUR CISSE, des ballons furent déployés à la hauteur de la future construction pour évaluer l'impact visuel depuis les terrasses du château d'AMBOISE. Une telle mesure appliquée à la "femme Loire", permettrait de mieux estimer l'insertion de la statue dans son environnement. Si l'œuvre d'art doit être respectée, le caractère religieux du site de Marmoutier doit l'être aussi. L'implantation de la statue serait plus simple si le "dernier fleuve sauvage" d'Europe n'était pas symbolisé par une vision réductrice de la femme dans une position pour le moins érotique.
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La modification du statut d'un ensemble bâti situé place Pilorget :
Cet exemple de suppression de la protection très forte au titre de l'article L123-1-7 du code de l'urbanisme montre combien cette protection est fragile, voire illusoire. Dans le PLU approuvé le 11 juillet 2011 (article 11.2), cette ferme du XVIIe est soumise à une protection très forte. C'est-à-dire que sa "démolition est interdite du fait de son grand intérêt architectural et historique; toutefois la démolition des annexes et des extensions récentes peut être autorisée lorsque leur état de vétusté ou la nécessité d'évolution du bâti le justifie." Dans le cas présent, le bâtiment principal et ses annexes sont en bon état de conservation. Moins d'un an après, la municipalité se contredit en déclarant que l'intégration de la cour dans l'emprise de la station du tramway laisse des éléments bâtis isolés qui perdent de leur intérêt sans cet espace tampon privatif. Maintenant que le SITCAT est propriétaire, pourquoi ne pas imaginer un espace tampon public ? Puisque la protection de cet ancien corps de ferme comme" étant un des derniers témoins de l'ancien mode d'occupation agricole du plateau de Saint Symphorien" était justifiée, pourquoi priver les habitants de Tours Nord de l'un des derniers éléments de leur patrimoine agricole bâti ?
Comme seul justificatif, 4 lignes qui prétendent que "la place Pilorget est aujourd'hui entourée d'éléments architecturaux hétéroclites, peu structurants pour l'espace public (?) de par leur implantation et la diversité de leurs gabarits". En fait sur place, on peut constater que l'espace est occupé par deux îlots de hauteurs différentes ; un immeuble récent et l'église du Christ Roi qui se font face d'une part et un bâti ancien moins élevé et homogène d'autre part. Les "immeubles structurants qui contribueront [...] au renforcement du caractère urbain des lieux" ne seront probablement que des opérations immobilières qui pourront atteindre 22 mètres de hauteurs et qui s'intégreront plutôt mal que bien dans l'environnement bâti existant et ne feront que renforcer le caractère "hétéroclite" des "éléments architecturaux". Je crains fort que structurants signifie uniquement denses. Enfin, il est pour le moins surprenant de constater que le dossier ne comporte aucune photo. Risqueraient elles de contredire les maigres arguments en faveur de la démolition de ce bâti remarquable ? Quoiqu'il en soit, cette omission constitue un manque de transparence flagrant. Comment peut-on demander l'avis du public sans fournir tous les éléments de décision ? Le dossier devrait comporter, au minimum une vue avant et après avec un projet abouti.
Pour toutes ces raisons, mais aussi pour stopper les dégâts collatéraux trop importants liés à l'arrivée du tramway : abattage du mail arboré du Sanitas et des platanes de l'avenue de Grammont, déclassement de la place des Aumônes pour construire 3 tours dont les tourangeaux ne veulent pas …, je vous demande :
- d'émettre des réserves sur la modification du plan des hauteurs de l'Institut de Rougemont,
- d'émettre un avis défavorable à la suppression de la protection de la ferme située place Pilorget
Assuré de votre compréhension, je vous de croire, Monsieur le commissaire enquêteur, à l'assurance de ma considération distinguée.
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