Quelles priorités pour le parc de Cangé, à Saint-Avertin ?
Une restauration qui a besoin de trouver un second souffle
Une première restauration exemplaire
Situé au centre d'un parc de quinze hectares, le château de Cangé, édifié au XIIIème siècle, siège de deux conseils des ministres les 12 et 13 juin 1940, fut ravagé par un incendie dans la nuit du 20 au 21 juin 1978.
Racheté en 1980 par la commune de Saint-Avertin, il a fait l'objet d'une restauration exemplaire terminée en 2012. Dans ce cadre enrichi par les arbres majestueux du parc, l’implantation d’une médiathèque, idéalement placée avec accès à une terrasse majestueuse, est une très judicieuse initiative. Saint-Avertin s’est ainsi doté d’un équipement enviable pour une ville de cette dimension.
Cette entreprise de restauration requiert désormais un nouveau souffle.
Une restauration à étendre et finaliser
Si l'aspect paysager peut-être amélioré, notamment avec l'ajout de vivaces et de quelques arbres, deux éléments majeurs du parc méritent une restauration importante, et donc coûteuse :
- Le bassin, devenu complètement inutilisable, constitue une pièce d'eau idéalement placée permettant de fortifier sensiblement la biodiversité d'un lieu qui mérite d'aller au delà de beaux arbres et d'un parterre herbeux bien entretenu.
Au fond à gauche le château, au centre et premier plan la pièce d'eau assechée, à droite l'orangerie,
un trio qui pourrait devenir magique
- L'orangerie est en ruine. Il est urgent d'intervenir pour débuter un sauvetage qui sera très lourd et long, mais qui complètera le charme des lieux. Sur l'arrière, il est peut-être possible de dégager un beau panorama sur la vallée du Cher. Avec le château, la pièce d'eau et l'orangerie, le parc de Cangé et la ville de Saint Avertin bénéficieront alors d'un cadre remarquable.
La restauration du château a été dans l'ensemble remarquable, bien que sujette à caution au niveau architectural, surtout pour la rénovation critiquée de la partie Ouest. Il aurait été préférable, compte tenu des coûts, d'échelonner les travaux sur plusieurs années afin de restituer le château dans son état originel.
A ces éléments remarquables s’ajoutent deux glacières parfaitement conservées, incrustées dans le côteaux, et des bâtiments de caractères. Il s’agit d’un patrimoine exceptionnel, supérieur même à celui de la Péraudière à St Cyr Loire.
En considérant tout cet intérêt patrimonial exceptionnel, il y a lieu de se concentrer sur ce qu'il reste à sauver : la remise en valeur ne devrait pas rester inachevée en s'arrêtant à son plus prestigieux élément. L'Association pour la Défense et la Protection du Site de Cangé (ADPSC) et l'AQUAVIT souhaitent qu'un plan à long terme de réhabilitation soit défini et mis en oeuvre.
Des dépenses inutiles et incompréhensibles
La mairie de Saint-Avertin ne semble pas, hélas, avoir compris l'importance de ce nouvel enjeu. Elle s'est récemment égarée sur deux opérations très criticables :
- L'instauration de cages à animaux. Des oiseaux et des rongeurs se trouvent enfermés et réduits à l'inaction. Certains sont des specimens assez rares (donc onéreux), certes beaux, mais il s'en dégage une grande tristesse. Les furets, en particuliers, brisent le coeur, même des personnes n'aimant pas particulièrement les animaux. D'accord il est rare d'en voir d'aussi près, mais est-ce une raison pour ainsi les priver de liberté ? Quant aux ânes et chèvres, ils étaient trop proches du voisinage, leur cadre de vie étaient très limité. Ils demandaient une attention coûteuse et sont heureusement déjà partis. Leur abris désormais vide n'est pourtant pas démoli.
De plus, le nombre de volailles ou d'oiseaux ne devra jamais, en toute hypothèse, dépasser 50 compte tenu de la proximité avec les habitations et les lieux publics environnants (centre de loisir, école de musique etc.), ce qui réduit fortement l'intérêt de leur maintien et celui des trop grandes cages où ils sont actuellement enfermés.
Beaux arbres et moches cages - Faisan et lapins engrillagés
- La démolition du pavillon du régisseur. Au XIXème siècle, cette maison avait été édifiée pour loger le régisseur à l'époque du comte et de la comtesse Paul de Pourtales. Elle est coquette, trés tourangelle, probablement en pierre de tuffeau avec un joli toit. Rien d'exceptionnel certes, d'autant plus que la réhabilitation qu'elle a subie a plutôt été malheureuse avec un crépis qui cache les pierres et avec des huisseries trop modernes. Mais cela peut se corriger, avec un rafraichissement et la mise en place d'un environnement tourangeau adapté (treilles ou rosiers grimpants par exemple), ce pavillon serait tout à fait à sa place dans le parc du château. La mairie a décidé de le démolir et l'architecte des bâtiments de France a étrangement donné son accord, mais celui-ci est assorti de lourdes réserves préalables à exécution....
Cette démolition a deux étranges prétextes : ce pavillon n’aurait pas le caractère architectural des autres bâtiments "du 15-19ème siècle". et serait "dans le champ de vision depuis le portail rue de Cangé vers le château". A observer un plan, il n'en est pourtant rien... Quelle serait donc la véritable raison ? Positionner ici les bâtiments abritant les animaux ?
Flèche bleue le château, flèche rouge le pavillon du régisseur
Qu'ont donc derrière la tête ceux qui ont décidé cette démolition ? Ce pavillon ne pourrait-il pas servir, par exemple, pour loger un gardien-jardinier ?
On a vu qu'il y a d'autres priorités... L'ADPSC et l'AQUAVIT souhaitent que la mairie de Saint-Avertin renonce à raser ce bâtiment.
Ce qui précède a été rédigé en septembre 2014. Depuis La Nouvelle République a publié le 17 octobre un article montrant la volonté de la mairie de Saint-Avertin de réhabiliter le bassin et l'orangerie. Cela va dans le bon sens, même si c'est encore très flou.
Une "étude de mise en valeur du site" serait en préparation, attendue notamment par l'Architecte des Bâtiments de France, qui pourra y apposer des contraintes avant validation. Dans ces conditions d'attente, nous ne comprenons pas la volonté de démolir rapidement le pavillon du régisseur, qui plus sans aucune motivation écrite. Avec l'Association pour la Défense et la Protection du Site du Cangé (ADPSC), l'AQUAVIT a donc déposé début novembre 2014 un recours gracieux auprès de la mairie de Saint-Avertin afin que cette démolition soit annulée. Un communiqué sera prochainement publié.
Le 20 décembre 2014. La démolition est suspendue, en attendant que le projet d'ensemble soit précisé.
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