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PPRI du val de Tours : nos réponses à des questions simples

Les spécialistes de l’AQUAVIT (ingénieurs, hydrologues, géographes) ont épluché pour vous l’épais dossier de l’étude de dangers des digues (2013) (voir l'évaluation), analysé le dossier d’enquête publique, la cartographie des inondations. Voici leur réponse à quelques questions relatives à la révision 2016 du Plan de Prévention des Risques d'Inondation PPRI Vale de Tours, Val de Luynes, en ce qui concerne l'agglomération tourangelle.


• Comment positionner mon habitation sur la carte des risques 2001 et 2016 ?
  
  Voici la carte des risque du PPRI 2001 et celle du PPRI 2016 (aléa fort et très fort sur la commune de Tours).
  En blanc les zones insubmersibles. Cliquez sur les cartes pour les agrandir.
  

  2001 En jaune l'aléa faible pour la commune de Tours. Autre carte 2001

  2016 Sur la commune de Tours, sur-aléa (vert hachuré), aléa très fort (vert foncé), fort (vert/jaune), moyen (vert clair) En rose le champ d’expansion des crues, en bleu zone urbanisée peu dense, en vert centre urbanisé dense

  
  
• Le risque d'inondation sur la commune de Tours est-il vraiment très fort ?
  
  L'arrêté de de classement de la digue du Canal et le dossier PPRI prétendent que "dans les différents scenarii étudiés, la levée de l’ancien canal présente une probabilité de rupture certaine sur 43 % de son linéaire". C'est inexact, car cela n'est dit, dans l'étude de dangers de 2013, que dans le seul cas d'une crue amont atteignant 52 m d'altitude, laquelle cote n'a jamais été atteinte (51 m maxi en 1856). La probabilité de cette hypothèse est une fois tous les 800 ans environ. La digue du Canal arrêterait les autres cas d'inondation par l'amont, avec rupture d'une digue de la Loire ou du Cher, comme le montre ce schéma de l'étude :
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  Comme en 2001, on reste donc là sur un risque amont très faible sur la ville de Tours, la digue du Canal restant une "protection efficace". Il s’ajoute le risque supplémentaire d’une inondation par l'aval, avec remontée des eaux, notamment s'il y a rupture de la digue de la Loire à hauteur du pont Mirabeau.
  
  L’étude de dangers de 2013 estime que, compte tenu de leur fragilité, certaines digues de premier rang (Loire ou Cher) présentent un risque de brèche ou surverse de probabilité 50 à 70 ans. Et dans tous ces cas, la digue du Canal conserve tout son intérêt, en second rang. Sa mise mise en transparence provoquerait la submersion inévitable de l’ensemble du val de Tours.
  
  L’évaluation du risque inondation c’est certes la hauteur et la vitesse d’écoulement (exposition aux brèches…), mais c’est également la fréquence de l’évènement. En généralisant un cas exceptionnel, le nouveau PPRI ignore cette dernière composante.
  
  Ainsi, l'Etat prend prétexte d'une fragilité très hypothétique d’un ouvrage qui a fait ses preuves, clé de voute du système de défense du val de Tours, pour aggraver artificiellement le risque sur nos biens et nos personnes.
  
  
• Qu'en est-il du risque d'inondation sur la commune de St Pierre des Corps ?
  
  Idée reçue : la digue du canal protège la bourgeoisie tourangelle au détriment du prolo pétrocorpussien ! La réalité est tout autre. En l’état, cet ouvrage protège autant les premiers que les seconds, selon l’origine de l’inondation. Celle issue d’une rupture de digue en amont est stoppée par la digue du Canal (cela s’est produit lors de deux des trois grandes inondations du XIXème). A l’inverse, celle issue provenant d’une rupture de digue en aval de St Pierre ou d’un phénomène de remous (remontée des eaux venues d’aval) est stoppée par la digue du Canal, protégeant habitations, sites SEVESO de St Pierre et de La Ville aux Dames...
  
  
• Qu'en est-il du risque d'inondation sur la commune de La Riche ?
  
  A un niveau de submersion moindre qu'à Tours, La Riche est autant concerné par les inondations en amont. Donc, là aussi, le risque est décuplé par la mise en transparence de la digue du Canal.
  
  
  Conséquences de la mise en transparence de la digue du Canal :
  • Crue amont (à gauche), si St Pierre des Corps est inondé, Tours et La Riche le seront aussi.
  • Crue aval (à droite) , si Tours est inondé, St Pierre des Corps et La Ville aux Dames le seront aussi.
  
  
• La digue du Canal est-elle encore opérationnelle ?
  
  Oui. On a vu que le seul cas où elle cède est exceptionnel. La visite technique de 2001 a montré que l'ouvrage est "très peu dégradé" et tous les riverains le confirment. Aucun point de fragilité n'a été démontré, elle a été continuellement entretenue, notamment lors de la mise en place de l’autoroute et de la voie Pompidou aux alentours de 1970 (système de batardeaux pour fermer les ouvertures). Qui peut croire que durant 160 ans les experts ont unanimement dit que cette digue était solide et que d'un seul coup, elle deviendrait fragile ?!
  
  
• Pourquoi la population n'a-t-elle pas été consulté lors du déclassement de la digue du Canal ?
  
  C'est tout à fait anormal dans une République. Mais l'Etat est quand même conscient que la population n'accepterait pas sa fable d'une digue fragile et refuserait la lourde augmentation des risques d'inondation... De plus, les élus estiment que la question du risque d’inondation est trop compliquée pour être débattue !...
  
  
• Quelles sont les véritables raisons du déclassement ?
  
  L’état cherche à se désengager juridiquement et financièrement. Le coût des travaux de renforcement de toutes les digues du val de Tours est évalué à 200 millions d’euros, transféré aux collectivités locales. En arrière-plan, se profilent des motivations qui n’ont rien à voir avec la prévention des risques : volonté de l’Etat de se désengager et de transférer à Tour(s) Plus la responsabilité et le financement de l’entretien des digues, chantiers d’infrastructure. Sous prétexte des conclusions d’un Atelier National d’aménageurs lancé par le ministère de l’Ecologie, divers projets sont dans les cartons : ouverture de passages dans la digue, bretelle d’autoroute vers les Atlantes / Ikea, extension du parc d’activité de Rochepinard, volonté de réhabilitation immobilière pour respecter les nouvelles normes du PPRI… Grands Travaux Inutiles Imposés (GPII), tel est le programme qui se profile…
  
  
• Même déclassée, la digue du Canal peut-elle garder son intégrité et continuer à nous protéger ?
  
  La digue n'est juridiquement protégée que par son classement. Sans celui-ci, il est possible de la détruire. peu importe comment, il suffit d'une ouverture pour que l'eau s'engouffre. Ceux qui acceptent le déclassement se soumettent à la volonté de l'Etat. Et celle-ci est sans nuance, la digue du Canal doivt impérativement être partiellement arasée. C'est écrit dans le texte accompagnant l'arrêté de déclassement : "La mise en transparence de cet obstacle (devenu un remblai en zone inondable) devra être recherchée etrendue opérationnelle par tous les moyens, de manière totale ou partielle". Il s'agit de supprimer un "obstacle à l'étalement de la nappe d'eau". L'inondation doit être étendue sur tout le val, comme en 1856 quand on circulait en barque sur les boulevards Béranger et Heurteloup... Il ne faut pas croire ceux qui prétendent que la digue du Canal déclassée continuerait à nous protéger. Le classement est essentiel pour la sécurité de nos habitations. D'ailleurs, Si on veut garder l'ouvrage intact pour retenir l'eau, il doit être classé pour être entretenu, éventuellement renforcé.
  
  
• Est-il encore possible de revenir sur la décision de déclasser la digue du Canal ?
  
  L'AQUAVIT a déposé un recours gracieux contre le déclassement et s'apprête à lancer un recours en contentieux devant le Tribunal Administratif d'Orléans. C'est une procédure lourde, relativement coûteuse, s'appuyant sur un cabinet d'avocats. Plusieurs citoyens se sont déjà regroupés pour financer l'opération. Il est possible de se tourner vers la couverture assistance juridique des assurances habitation. Vous êtes invités à participer à cet appui financier.
  
  N'oubliez pas que la valeur du patrimoine immobilier serait fortement impactée par l'augmentation du risque, sans parler des dégâts d'une crue que la digue du Canal ne retiendrait plus. C’est aussi notre qualité de vie qui en jeu, notamment aux abords de la digue (protection phonique et environnementale, risque d’expropriation…). Soutenez l'AQUAVIT dans son action judiciaire ! (voir la page Contact pour nous joindre)

(+ Vous pouvez aussi lire l'échange de commentaires à la fin de cet article du site Agoravox)

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