L'avenir des lacs des Peupleraies
Tours et Saint-Pierre-des-Corps
En zone inondable du lit majeur du Cher, en aval de la commune de Saint-Pierre-des-Corps et en amont de celle de Tours, se trouvent deux vastes pièces d'eau créées sur d'anciennes gravières, les lacs des Peupleraies. Le parc qui les entoure est un lieu de détente, trop peu connu des habitants. Dans une perspective de mise en valeur, l’agglomération de Tours a lancé une phase de diagnostic, afin de déterminer un programme d'action, en consultation avec les associations environnementales et sportives. La première préoccupation est de trouver un nouvel équilibre biologique qui évite l'envasement et la présence de plantes invasives.
Dans le cadre de cette consultation, en réponse à un questionnaire, l'AQUAVIT a précisé les orientations qu'elle souhaite. Elles sont reprises sur cette page.
Le lac majeur, à l'Ouest (gauche), sur la commune de Tours, le lac mineur, à l'Est (droite), sur celle de St Pierre des Corps.
En face (bas), de l'autre côté du Cher, la commune de St Avertin.
Diminuer la trop forte pollution des eaux
La forte teneur en nitrate NO3 des eaux favorise la prolifération de plantes devenues invasives, principalement l'élodée de Nuttall. Il y a lieu de déterminer comment se fait réellement l’alimentation du lac (connections au Cher, buses fonctionnelles ou alimentation par la nappe alluviale ?) et de contrôler la circulation souterraine d'eau de champs en amont, soumis à une culture intensive, donc à de forts épandages.
Rappelons que le Cher est la rivière la plus polluée de la Loire moyenne, avec des taux supérieurs aux normes européennes (notamment dioxines PCV), certains poissons étant interdits à la consommation (cf. SDAGE Loire-Bretagne ou cet article de la Nouvelle République du 18 mars 2014).
La profondeur réduite du lac (1,50 mètre) permet un relatif réchauffement de son eau et facilite la prolifération de sa flore aquatique.
Nous approuvons donc le constat effectué lors de la réunion sur les plantes invasives, l’eutrophisation, l’envasement, la nécessité de trouver un nouvel équilibre biologique.
Le lac majeur au mois de juin. Les plantes invasives vont se développer tout l'été
Le lac mineur. Au fond le coteau de Saint Avertin. Entre lac et coteau, caché, le Cher.
Nous sommes inquiets du récent abattage de dix hectares de bois au nord-est du lac majeur, pour la filière bois-énergie. Devenir de cette parcelle ? Que va-t-il être planté à la place ? Pense-t-on à la biodiversité ? Une peupleraie a un impact négatif sur l’acidité des eaux. Il y a urgence à se préoccuper de l’aménagement de cette zone. Ne convient-il pas de favoriser la reconstitution d’écosystèmes humides ?
Abattage complet de dix hectares de bois environnants.
Assurer la tranquillité des lieux
Conformément au Plan Climat de l’agglomération tourangelle et de l’aspiration d’une majorité de nos concitoyens, nous souhaitons que les activités ne portent pas préjudice à la tranquillité des lieux, à la qualité de la vie et ne soit pas générateur de gaz à effet de serre (GES). Promenades, pêche, voile, canoë kayak et autres activités sans nuisances (bruit et pollution) sont donc à privilégier, à l'exclusion des activités motorisées.
Une exception qui n'a plus lieu d'être.
Nous insistons sur ce dernier point car nous déplorons déjà, à proximité de ces lacs, la présence du circuit Nascar et d'un ball trap porteurs l'un et l'autre de nuisances sonores, le premier générateur de GES, le second polluant les sols en zone humide. Ces deux sujets ont déjà fait débat et contestation juridique.
D'ailleurs, les activités motorisées sont déjà interdites, mais des exceptions regrettables ont été introduites par dérogation il y a de cela plus de dix ans (ski nautique, jetski). Depuis, le Plan Climat de l'agglomération a été approuvé à l'unanimité des élus. Il n'est pas compatible avec des loisirs générateurs de GES. Nous avons déjà pris trop de retard (facteur 4 !). Trop de mauvais exemples. Un article de la NR du 1er juillet 2015 alimente les craintes.
De plus, compte tenu de la faune présente sur cet espace et cet environnement, nous soulignons l'impact que des sports nautiques bruyants, polluants (chimiques, atmosphériques...), entraînant d'importants mouvements d'eau peuvent avoir sur la vie et la reproduction des petits animaux, des poissons et des oiseaux... Ne devrait-on pas avoir là un lieu de frai et de nidification des anatidés ? Une solide étude d'impact s'impose préalablement aux aménagements envisagés.
Plus généralement, nous souhaitons que soit favorisée la protection de la faune et de la flore de ce site. Notamment y planter des arbres de caractère pouvant prendre de la hauteur.
Le lac majeur
Agir sur plusieurs fronts et mesurer les progrès
La pollution en amont par les nitrates et pesticides est très préoccupante, d'autant plus que le calendrier de respect des contraintes européennes est sans cesse repoussé. Coome propositions pour la pérennité de la sauvegarde des lacs, nous avons cité :
- Il est possible de diminuer la teneur en NO3 en plantant sur le pourtour (surtout côté parcelle 47) des roseaux ayant la particularité de filtrer l'eau (par un processus complexe au niveau des rhizomes) et d'effectuer une dénitrification (élimination des nitrates). Ils ont aussi l'avantage de permettre aux oiseaux de nidifier. Il y en a déjà en petite quantité sur le coin nord-est du lac majeur.
- Effectuer des curages pour éliminer les plantes invasives de façon mécanique.
- Est-il possible d'envisager le maintien du niveau d'eau par un système d'écluse ? (Cf. propos précédents sur l’alimentation des lacs)
Contrairement à ce qui a été signalé à la réunion, à savoir un refus d’agir envers les cultivateurs-pollueurs situés en amont, nous souhaitons que des actions soient engagées, non pas coercitives (ce n’est d’ailleurs guère possible), mais d’échange et de sensibilisation avec la mise en place d’outils de mesure et d’évolution de la pollution afin de responsabiliser les agriculteurs. De telles actions sont à envisager dans le cadre du SAGE Cher Aval, en cours de finalisation.
Au-delà, les mesures de l’évolution de la pollution permettront d’apprécier l’efficacité des actions entreprises.
Culture intensive en amont
A l'Est du lac mineur, un puits artésien de 129 mètres de profondeur dans le cénomanien (caractéristiques),
antérieur à 1835, utilisé un temps à irriguer les cultures
De façon générale, au-delà des mesures proposées, il convient de ne pas oublier que la qualité des eaux des lacs des peupleraies, conditionnant son aménagement, reste largement tributaire de celle du Cher qui l’alimente.
Le Cher, tout proche
Le lac mineur. Les photos de cette page ont été prises le 22 juin 2015.
Permettre des activités ludiques en favorisant un riche écosystème
Il nous apparaît indispensable de créer des aires de repos permettant de se reposer, de pique-niquer (bancs, tables, poubelle…).
Effectuer une réfection du chemin de contournement du lac, de manière à le rendre plus accessible aux familles avec enfants et praticable pour les joggers et cyclistes. Avec une certaine remise à niveau et stabilisation du sol (ajout de falun…). Nous souhaitons aussi une continuité avec les axes piétons et cyclables, notamment dans le cadre de périphérique cycliste initié par Tour(s) Plus. Et faciliter l'accès aux personnes handicapées.
Pour autant, il ne s’agit pas de déboucher sur une « Gloriette bis », terrain de jeu de citadins au mépris des enjeux naturels. L’effort doit porter prioritairement sur la préservation et le développement de la biodiversité et la qualité des eaux. Les espaces ludiques et naturels doivent être clairement dissociés.
Dossier réalisé en juin 2015
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