Druye : Contestation de l'installation de Primagaz
Cette page est rédigée en coordination avec l'association Bien Vivre à Druye (bienvivreadruye(at)gmail.com).
Le projet : A la suite de l’évolution des normes de sécurité, le Plan de Prévention des Risques Technologiques (PPRT) de Saint-Pierre-des-Corps a été revu. La mesure supplémentaire retenue est le déménagement des activités à risques de Primagaz. Très tardivement, lors de la réunion publique du 23 mars 2017, la population de Druye a été informée que le conseil communautaire de Tours Métropole Val de Loire envisageait l’implantation d’un relais vrac de 400 m3 sur un terrain appartenant à l’État et situé sur la commune de Druye, entre l’autoroute A85 et de la ligne SNCF Tours-Chinon.
Nous nous opposons à ce projet à cause :
- des dangers qu'il induira,
- des nuisances liées à la circulation,
- de son évolution qui apparaît très inquiétante,
- de son aspect financier excessif.
L'autoroute A85 et la voie ferrée sont dans le périmètre des 300 mètres (et même des 150 mètres), des habitations dans celui de 500 mètres
- Concernant l’aspect sécuritaire du projet
Les 2 points du courrier de "Bien vivre à Druye", en date du 16 septembre 2017, adressé à différents ministères et redirigé vers Madame la Préfète Corinne Orzéchowski :
- D’une part, le site retenu est classé en zone agricole (d’après le PLU en vigueur). De nombreuses habitations se trouvent à proximité du site : elles sont 75 dans un rayon de 1 000 m. D’autre part, la parcelle retenue se situe à la croisée de l’autoroute A85 et de la ligne ferroviaire Tours-Chinon : la cuve serait localisée à environ 140 m de l’une et de l’autre et serait donc très proche !
- Lors de la réunion publique du 23 mars 2017, un périmètre de sécurité d’un rayon de 300 m a été présenté. Au regard des retours d’expérience du BARPI (voir annexe), nous émettons des réserves quant à la pertinence de ce périmètre. En effet, lors du BLEVE (acronyme de l'anglais: « Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion ») du camion-citerne rempli à 64% de propane sur le site de Port-la-Nouvelle (accident du 27/07/2010), des bris de glace ont été projetés jusqu’à 700 m et des éléments de la citerne ont été retrouvés à 150 m.
Madame la Préfète Corinne Orzéchowski a répondu, en date du 31 janvier 2018, sur ce point :
" Vous vous interrogez particulièrement sur le « périmètre de sécurité d’un rayon de 300 m » présenté par Primagaz et des risques de suraccident.
La distance de 300 mètres présentée par Primagaz lors de la réunion publique du 23 mars 2017 est issue du retour d’expérience sur les BLEVE de citernes mobiles. Cette distance correspond aux zones dites « bris de vitres », c’est-à-dire soumises à des pressions de 20 mbar.
Comme évoqué ci-avant, l’exploitant devra déterminer dans son dossier de demande d’autorisation, les périmètres des zones d’effets et devra démontrer le caractère acceptable du projet au regard des dispositions réglementaires en vigueur. Il est à noter l’absence d’habitation dans ce rayon de 300 mètres. L’État restera vigilant quant à l’impact sur les principaux enjeux à proximité au regard de la réglementation ; "
Réponse de Bien Vivre à Druye à la Préfète, en date du 15 juin 2018 :
"Nous ne reviendrons pas sur l’ensemble de vos réponses mais juste sur celle concernant l’aspect sécuritaire qui conforte notre opposition à l’installation de l’entreprise Primagaz sur le site à l’étude.
Lors de la réunion publique du 23 mars 2017, un périmètre de sécurité d’un rayon de 300 m nous a été présenté. Au regard des retours d’expérience du BARPI (quelques-uns des extraits les plus significatifs dans l’annexe), nous émettons les plus grandes réserves quant à la pertinence de ce périmètre. Nous considérons qu’il n’est pas réaliste et très largement sous-évalué. Une cuve de 400 m3 et/ou un camion gros porteur de ravitaillement et/ou un camion de livraison sont plus dangereux que plusieurs bouteilles de gaz.
Il serait regrettable de ne pas tirer des leçons du passé et de reproduire à Druye l’exacte situation inverse de ce qui s’est déroulé à Saint-Pierre-des-Corps. À Saint-Pierre-des-Corps des logements se sont progressivement érigés autour de l’entreprise Primagaz installée auparavant, en tenant compte de la réglementation alors en vigueur. Aujourd’hui on envisage d’installer un site SEVESO au milieu d’habitations existantes, depuis plus ou moins longtemps, en considérant un périmètre de sécurité jugé suffisant."
- Nuisances liées à la circulation
Il est prévu 30 passages de camions par jour (gros porteurs pour l’alimentation en gaz du relais vrac et camions citernes pour la livraison des clients). Le nouveau barreau autoroutier va nécessairement générer un accroissement du trafic sur les hameaux de la Prudhommière, la Sansonnière et la Recoulière et les inconvénients induits :
- risques d’accidents liés à l’accroissement du trafic sur des routes non prévues à cet effet
- nuisances sonores.
- Evolution du site
Le projet fait état d’un stockage de 180 tonnes de gaz, ce qui le classe en SEVESO SEUIL BAS.
Un stockage de 200 tonnes, à la suite d’une restructuration des activités de Primagaz en France, le classerait en SEVESO SEUIL HAUT. Si une autorisation est accordée pour 180 tonnes, pourquoi ne le serait-elle pas pour 200 tonnes ?
La création d’un site industriel peut entrainer l’installation d’autres activités industrielles (société de transport, …) dans un environnement jusqu’à présent essentiellement tourné vers l’agriculture d’où la perte du caractère rural de la commune.
En cas d’abandon de l’activité par Primagaz en raison du déclin amorcé de cette dernière (30 000 tonnes de propane livré par le site de Saint-Pierre-des-Corps et 15 000 tonnes en 2016) et des perspectives énergétiques gouvernementales (en autres diminuer la consommation d’énergies fossiles de 30 % en 2030 par rapport à celle de 2012), nous risquons de voir une autre activité à risque s’installer car un classement SEVESO aura déjà été accordé (études d’impact, environnementales et de faisabilité des sols déjà effectuées pour le projet Primagaz).
Un durcissement des normes de sécurité pourrait faire peser de nouvelles contraintes sur les habitants des hameaux voisins avec le renforcement des toitures et des vitrages sans tenir compte des difficultés financières des propriétaires pour financer ces travaux.
Le site actuel de Saint-Pierre-des-Corps occupe une superficie de 7 hectares pour un stockage de 5 000 m3 et une activité d’embouteillage. Le site retenu sur la commune de Druye aurait un potentiel bien plus fort, puisqu'il occuperait 10 hectares, sous employés pour un stockage de 400 m3. Pourquoi un si vaste espace ?
Tout cela amène à craindre, sur ce site, une forte montée en puissance, avec en conséquence une forte augmentation des risques.
Diapositives Cofiroute présentées lors de la réunion d'avril 2018
- Aspect financier
Le transfert sera financé à hauteur de 60% par l’État et les collectivités territoriales pour un montant dépassant les 6 millions d’euros pour les parties estimées. Ce financement est rendu obligatoire par les articles L 515-15 à L 515-26 du code de l’environnement définissant le cadre des Plans de Prévention des Risques Technologiques. Dans le cadre de ce projet, il est prévu un accès direct à l’autoroute d’où la création d’un barreau autoroutier mais qui ne peut être privatif en faveur de Primagaz. Son montant estimé est actuellement de 1 754 048 euros pour les parties estimées mais elles ne le sont pas toutes… Officiellement, cette création a pour but de « désengorger » le bourg de Druye !?
Avant d’engager de tels travaux, la société Vinci et l’État devraient d’abord se poser la question de la nécessité de faciliter les sorties de l’autoroute A10 à Rochecorbon et Chambray les Tours, ou de la rocade à la hauteur de La Riche. Chaque jour aux heures de forte circulation, les véhicules ne peuvent faire autrement que d’emprunter les bandes d’arrêt d’urgence, sans parler de tous les accrochages et accidents qui s’y produisent chaque jour.
Une étude, menée par Vinci, reconnait une faible modification du trafic à la hauteur de Druye (250 véhicules s’ajoutant aux 19 000 circulant chaque jour). Quel en sera l’impact sur la circulation dans Druye ? Il y aurait ainsi 3 sorties d’autoroute sur un tronçon de 6 km à faible circulation ! Comment peut-on en conclure à la nécessité d’un tel barreau autoroutier ? La circulation des camions de livraison va générer des coûts supplémentaires déraisonnables pour la collectivité.
- Avis du Conseil Municipal de Druye du 13 juin 2018
Lors de ce conseil, à 11 voix POUR, 3 voix CONTRE et 0 abstention, les élus de Druye ont donné leur avis sur le choix d’implantation d’un relais vrac de 400 m3 sur les parcelles appartenant à l’État le long de l’autoroute.
ANNEXE : Remise en cause d’un périmètre de sécurité, défini par un rayon de 300 m
- Rayon non réaliste et absolument pas souhaitable si l’on s’appuie sur les accidents répertoriés dans la base de données ARIA (Analyse, Recherche et Information sur les Accidents) du BARPI (Bureau d’Analyse des Risques et Pollutions Industriels) selon le document « Accidents ou incidents survenus sur des sites de GIL sous le régime de l’autorisation au titre de la rubrique n° 1412. Période 04/01/1966 au 17/02/2017 » 9 accidents sur les 45 accidents retenus dans la base BARPI dont 24 français et 21 étrangers sur plusieurs centaines d’accidents.
-
ARIA n° 49221 – 17/02/2017 – FRANCE – 84 – JONQUIÈRES
Peu après 22 h, des explosions en série se produisent dans 2 centres de stockage en extérieur de bouteilles de gaz. Les explosions sont entendues à plus de 10 km du site. Elles provoquent des incendies aux alentours. Des objets missiles sont retrouvés jusqu’à 520 m autour du site. Des habitations sont touchées par ces projections. Des vitres, sur les habitations les plus proches du site, sont brisées malgré les volets fermés. Les locaux à proximité du site abritant une menuiserie, un garage et les locaux administratifs des 2 exploitants des stockages de gaz sont entièrement détruits.
-
ARIA n° 47856 - 03/04/2016 - FRANCE - 33 - BASSENS
Vers 6h30, un dimanche, un incendie est détecté dans une entreprise de transport de matières dangereuses classée SEVESO seuil bas. Le départ de feu se situe au niveau d’un camion-citerne en stationnement. D’une capacité de 19 t, il contient 1,5 t de gaz de pétrole liquéfié (GPL). L’incendie se propage à plusieurs autres camions citernes.
A 7h15, la citerne de GPL explose en BLEVE (Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion que l’on peut définir comme une vaporisation violente à caractère explosif). A 7h30, une seconde citerne, contenant 2,5t de GPL, explose en BLEVE également. Quatre pompiers, se trouvant à 40 m, sont légèrement blessés par la déflagration. Deux autres citernes vides éclatent dans les instants qui suivent. Les secours se replient durant 20 minutes puis reprennent l’arrosage de l’épicentre du sinistre.
La zone des explosions est dévastée. L’accident engendre des effets thermiques très intenses dans un diamètre de 40 m (et jusqu’à 60 m) et mécaniques avec des effets de pression jusqu’à 400 m (et projections de fragments jusqu’à 1,5 km). La 2ème citerne ayant explosée en BLEVE est projetée à 150 m. Une des 2 citernes vides ayant éclaté est projetée à 50 m. Des fragments de citernes, dont certains pèsent plusieurs tonnes, sont projetés à plusieurs centaines de mètres. Les locaux administratifs de l’entreprise, situés à 200 m subissent les effets de la surpression : bris de vitre et équipements tombés au sol. Une vingtaine de camions est détruite.
-
ARIA n° 42984 - 01/11/2012 - ARABIE SAOUDITE - 00 - RIYAD
Le chauffeur d’un camion-citerne de butane, surpris par un accident de la route, perd le contrôle de son poids lourd et percute un pilier d’un pont autoroutier vers 7h30. Une fuite de GPL se produit puis le gaz explose ; 22 personnes sont tuées et 133 sont blessées. Un bâtiment industriel s’effondre et plusieurs autres sont endommagés ; une douzaine de véhicules est détruite. Le pont gravement endommagé est interdit à la circulation. Selon la presse, le coût des dégâts matériels s’élèverait à plus de 80 millions de dollars (62 millions d’euros).
-
ARIA n° 38714 - 27/07/2010 - FRANCE - 11 - PORT-LA-NOUVELLE
Un feu se déclare vers 23h40 au niveau du pare choc avant d’un camion-citerne de propane stationné près de l’atelier de réparation des véhicules d’une entreprise de transport de bouteilles de gaz et de négoce vrac d’hydrocarbures liquides et liquéfiés. Un BLEVE se produit à 0h17 sur le véhicule-citerne qui contient 4 t de propane (64 % de sa capacité). Le camion-citerne qui a subi le BLEVE a été détruit par l’explosion et l’incendie. Il ne restait au sol que le moteur, la citerne a été retrouvée « dépliée » sur le toit de la structure métallique de l’atelier de réparation. Les effets de pression se traduisent par des dommages plus ou moins importants sur les structures légères des bâtiments : bardages, fenêtres, portes, vitres. A proximité de l’explosion, un mur en béton a également été endommagé. En dehors du site, de nombreuses vitrines et fenêtres des façades directement exposées à l’onde de pression du BLEVE ont été détruites. D’après les témoignages, certaines fenêtres situées sur des façades non exposées l’ont également été. Des bris de vitres ont ainsi été constatés jusqu’à une distance de 700 m du camion-citerne qui a explosé.
Port la Nouvelle 2010 et Dagneux 2007
-
ARIA n° 33085 - 07/05/2007 - FRANCE - 01 - DAGNEUX
À 20h24, un passant observe un feu de cabine affectant l’un des trois camions citernes de transport de gaz de pétrole liquéfié (GPL) stationnés dans une entreprise d’entretien d’espaces verts. Le feu se développe rapidement et à 21h06, une 1ère déflagration se produit suivie d’une ou plusieurs autres ; 2 des 3 citernes explosent (BLEVE) et la 3ème est projetée sur le toit d’une usine voisine. Les explosions et les incendies qui suivent provoquent d’importants dégâts matériels dans un rayon de 900 m dont la destruction de 4 entrepôts de 1 000 m² chacun. Des morceaux de citerne, projetés jusqu’à 900 m, ont détruit une entreprise située à 100 m des véhicules. La chute d’une pièce métallique de 100 kg défonce la toiture d’une maison d’habitation située à 700 m.
-
ARIA 8316 – 15/03/1996 – Italie – TREVISE
Une fuite de propane survient durant le dépotage d’une citerne routière de 35 m3 vers un réservoir fixe. La partie supérieure de la citerne s’ouvre et une petite boule de feu se forme. La chaleur provoque l’explosion d’une citerne routière de 12 m3. Un fragment de la citerne endommage le toit d’un bâtiment et atterrit à 500 mètres.
-
ARIA 6805 – 22/07/1970 – 66 – PERPIGNAN
Lors du dépotage d’un wagon-citerne de 45 tonnes de propane, la rupture d’un flexible provoque une fuite. L’allumage de multiples foyers d’incendie se produisent par la suite ainsi qu’une explosion.
Bilan : 2 morts, 49 blessés (brûlures, fractures, éclats de verre, amputation de phalanges), dommages importants dans un rayon de 300 mètres autour du wagon, des dommages moins sévères dans un rayon de 500 mètres et des bris de vitres observés jusqu’à 1000 mètres.
-
ARIA 1 – 04/01/1966 – 69 – FEYZIN
Fuite de propane, à la suite de manœuvres dans le mauvais ordre. Le nuage, dérivant vers l’autoroute, est allumé par une voiture.
À la suite de 2 BLEVEs et d’une boule de feu, finalement :
- le bilan humain est lourd : 18 morts dont 11 sapeurs-pompiers et 84 blessés sur 158 personnes présentes
- des « missiles cuves » dus aux 2 BLEVEs retrouvés à plus de 700 mètres dont l’un de 48 tonnes à 325 mètres
- le souffle de l’explosion est perçu jusqu’à Vienne (16 km au sud) et 1475 habitations ont été atteintes.
Notre communiqué du 15 janvier 2019 :
Primagaz : prendre l'autoroute A85 va-t-il devenir dangereux sur la commune de Druye ?
Concertation publique du 29 avril au 17 mai (prolongé au 31 mai) 2019 :
Lien pour obtenir le dossier.
Article du 2 mai 2019 sur La Nouvelle République : Toujours des questions.
Notre communiqué du 1er octobre 2019 :
Bientôt, un nouveau site SEVESO dans la métropole de Tours ?
Avec notamment ces dernières informations : "Dernièrement, le PLU de Druye a permis de donner la parole aux habitants, mais dans quelles conditions ? Le périmètre de 300 mètres semble être réduit à 50 mètres, sans explication, le site passerait de SEVESO seuil bas à SEVESO seuil haut et l’étude de dangers préalable à cette opération est interdite d’accès !"
Retour à la page des dossiers
Retour à la page d'accueil