Open data, pour que la ville de Tours ouvre ses données...
Et les autres villes de l'agglomération tourangelle, et l'agglomération Tours Plus, et les autres collectivités locales...
- Un exemple
Dans les années 1990, l'AQUAVIT a demandé à plusieurs reprises que soit effectué un inventaire du patrimoine arboré sur l’ensemble de la ville de Tours. Nous n'avions pu obtenir de réponse de la municipalité. Incidemment, en 2010, nous avons appris qu'un inventaire existait. Bien, mais pourquoi est-il confidentiel ? En tant qu’association d’écologie urbaine nous aimerions y avoir accès et connaître la précision de ce recensement. L'ensemble des habitants aussi, car ce sont leurs arbres, nos arbres, plus que ceux de la municipalité. Cette inutile opacité ne s'apparente-t-elle à de la censure et à de l'arbitraire ?
Il n'y a rien d'utopique à demander ça, dans d’autres villes cette information est disponible. A Bordeaux, par exemple, tout le monde peut savoir qu’il y a 27.000 arbres dans la ville gérés par le service des espaces verts, dont 1.000 remarquables, et ils sont présentés sur un site dédié de la ville. Avec un navigateur Internet, un habitant peut zommer sur chaque quartier ou secteur de la ville et reconnaître l'emplacement de chaque sujet, avoir de la documentation sur chacun, comme le montre cet exemple :
La bulle s'affiche quand on pointe la souris sur l'arbre
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Puis l'internaute peut se déplacer dans la rue et mieux voir l'arbre choisi :
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Il est possible de récupérer toutes ces données dans un tableur. Voici une copie d'écran montrant la fin des données des 26.913 arbres recensés.
Nous souhaitons bien sûr le même partage d'informations pour notre cité.
- Un principe, une démarche, une volonté de transparence
Pour arriver à un tel résultat, il faut un certain état d'esprit, une certaine démarche et la mettre en application avec un outil adapté. Le maire de Bordeaux l'explique ainsi : "La Ville de Bordeaux prend une part active au mouvement de libération des données. Un portail que j'ai souhaité ouvert à tous, participatif et régulièrement mis à jour, dans la durée. Il s'adresse tout d'abord au grand public, qui y trouvera une source d’informations de qualité. Je vous invite à naviguer dans ses contenus, et à utiliser les outils de visualisation qui permettent une découverte de certaines données fournies et mises en forme par les services de la Ville. Ces données s'enrichiront progressivement, car la collecte et la publication de l'ensemble des informations dont dispose une ville telle que Bordeaux demeure un travail de longue haleine.
Mais cela va bien au delà du désir d'une municipalité, il s'agit d'un précepte nommé "Open data" (Données ouvertes") qui se développe à l'échelle de la planète, comme l'explique cet article de Wikipédia. On y lit notamment "L'ouverture des données est une philosophie visant à rendre certaines données accessibles à tous et s’affranchir des restrictions imposées par les licences payantes parfois mises en place par les personnes publiques ou autres formes de contrôle qui en limitent notamment l’exploitation et la reproduction.", "Elles s'inscrivent dans une démarche plus vaste de transparence et de participation des citoyens que l’on retrouve dans toutes les politiques d’ouverture des droits", "La libération des données publiques connaît un regain d’intérêt dans le secteur public qui multiplie les mesures en faveur de davantage de transparence vis-à-vis des citoyens et vise à satisfaire leur volonté de participer à la vie de la Communauté et d’exercer leur droit d’être informé.", "Le terme Open est défini comme la liberté d’utiliser, de réutiliser, de redistribuer plus ou moins librement l’œuvre originale."
Cet autre article de Wikipédia présente les grands projets d'Open Data en France. Outre Bordeaux, on y trouve Toulouse, Montpellier, Paris, La Rochelle, Rennes... D'autres villes s'y préparent...
Visitez : le site open data de Bordeaux.
On peut bien sûr améliorer ce système pour noter les arbres abattus ou à abattre, pour quelle cause... Et aussi ceux à planter...
- A Tours, l'opacité domine
A Tours, c'est toujours le "black-out", la trame verte cultive surtout le secret, le "closed data" reste la règle, avec quelques exceptions pour la confirmer. Pour certaines des enquêtes publiques récentes on est arrivé parfois, pas toujours, à disposer des dossiers d'enquête en ligne. Pour le PLU de 2011, il a fallu que l'AQUAVIT commence à mettre les données en ligne sur son site (elles y sont encore, sur cette page) pour que la ville les mette sur le sien (elles n'y sont plus). Et on ne peut pas participer aux enquêtes publiques par Internet, malgré une réglementation qui le préconise depuis la mi 2011...
On dispose tout juste des compte-rendus des conseils municipaux, seule la date du prochain est indiquée (cf. copie-écran du 5 octobre 2012). Il manque de nombreuses informations par rapport à Bordeaux, les budgets par année et par nomenclature, la carte scolaire, les limites de quartier...
En ce qui concerne la démocratie locale, le sous-site des CVL (Conseils de la Vie Locale) est réduit au minimum. Les dates de prochaines réunions ne sont pas signalées, les comptes-rendus des deux dernières réunions sont absents (cf. copie-écran du 5 octobre 2012). Aucun groupe de travail n'y est signalé, ces structures de concertation sont donc privées de communications. Pour l'un de ces groupes, celui sur la passerelle Fournier, la mairie refuse même que les participants correspondent entre eux par email (voir cette page). Les projets de mise en ligne de fin de mandature précédente sont tombés à l'eau (des habitants auraient pu s'y adresser à d'autres habitants !).
Les logiciels open source s'accordent bien avec l'open data, mais la mairie préfère la bureautique de systèmes propriétaires, notamment dans l'utilisation de ses diaporamas. Et pour finir ce tour dans l'univers numérique local citoyen, on ne sent pas la volonté de brancher les habitants sur la fibre optique.
Comment alors comprendre que la ville de Tours soit considérée comme "Ville numérique" ? Les critères de ce label, que la municipalité met en avant, ne portent pas sur la vie citoyenne, mais sur vie économique. Il est vrai que dans ce domaine, notamment avec la distribution de la fibre optique aux entreprises, la situation est heureusement meilleure.
Dans notre compte-rendu de la situation 2012, nous déplorons que la municipalité tourangelle ne pratique pas l'ouverture et le dialogue avec les habitants. Tant que nous ferons ce constat, l'open data n'entrera pas vraiment dans notre cité. L'AQUAVIT souhaite bien sûr l'avènement de cet esprit d'ouverture.
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