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Depuis 1990, notre association milite pour la qualité de la vie dans l'agglomération tourangelle, en particulier pour un développement harmonieux et équilibré de la ville. Le respect du patrimoine bâti et arboré a toujours fait partie de nos priorités. C'est pour cette raison que nous accordons beaucoup d'importance à l'extension du secteur sauvegardé et au contenu du projet de révision. Nos principales remarques portent sur les points suivants : 1) L'extension du secteur sauvegardéLa superficie du secteur sauvegardé, portée à 150 hectares, n’a rien d’exceptionnel, eu égard à sa richesse historique et architecturale. A titre de comparaison, le secteur sauvegardé de Poitiers fait 185 hectares.A Tours, il aurait pu se prolonger plus à l'ouest du Boulevard Béranger, des bâtiments intéressants tels que l'ancienne Faculté de Droit au 116, bd Béranger ne sont pas inclus dans le secteur sauvegardé. Est-ce lié au fait que des projets immobiliers couvent dans ce secteur ? Même remarque à l'Ouest de la rue Delpérier où se situe le Couvent des Recollets, bâtiment du début du 17e siècle destiné à être démoli pour faire place à un gymnase et une opération immobilière ! L’AQUAVIT propose l’extension du périmètre sauvegardé à ce couvent qui par ailleurs se trouve dans le périmètre du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Nous vous demandons d’émettre une réserve pour protéger cet élément de patrimoine. 2) L'obsession de la densificationA la page 17 de la partie 3 du rapport de présentation, est écrit : "Il est à noter que la densité et la mixité sont déjà très importantes dans le corridor du tramway traversant le secteur sauvegardé, soit de part et d’autre de la rue Nationale. Elles se verront toutefois nettement renforcées au travers du projet d’aménagement des îlots nord de la rue Nationale, comportant des emprises constructibles permettant la restructuration de ces îlots, avec des programmes mixtes (équipements, commerces, logements, activités)."Et à la page 20, il est proposé de : "restructurer des espaces publics dilatés en permettant la réalisation de bâtiments nouveaux, comme place des Halles ou en bord de Loire par exemple." Vous avez sans doute remarqué, Monsieur le Commissaire Enquêteur, que le secteur sauvegardé est "dilaté". Non bien sûr, puisqu'il s'agit des quartiers les plus denses de la ville. Mais la nature a horreur du vide, surtout quand la dette par habitant est le triple de la moyenne nationale ! (source Ministère de l'Économie). Tous les espaces libres deviennent constructibles et il n'y as pas de coefficient d'emprise au sol, ce qui signifie qu'un quartier comme les Prébendes restera mieux protégé contre la densification que le secteur prétendu sauvegardé, où à terme il n'y aura plus d'espace libre. Des possibilités de constructions sont offertes, parfois au détriment des espaces verts comme au Sud de la place des Halles, mais surtout sur la place Prosper Mérimée qui va disparaitre sous le béton. Quant au projet de surélever le bâtiment A2 à l'arrière de l'hôtel de ville, attention à ne pas créer une impression de "puits" au niveau de la cour intérieure. Bientôt les tourangeaux risquent de manquer d'air… A noter que le bâtiment indiqué au nord de la place des Halles à la page 57 du dossier Orientations d'Aménagement et de Programmation n'apparait pas sur le plan du règlement graphique. Quant aux aménagements proposés aux abords de l'ancien Carmel et destinés à dégager le mur du couvent, leur principal intérêt est d'aménager un futur accès à l'immense parcelle cachée derrière le mur et qui fait rêver tous les promoteurs. En attendant, ils pourront se contenter de "la réalisation de maisons en bande avec jardins privatifs". 3) Les îlots nord de la rue NationaleLe PADD du PLU stipule pour cette restructuration que « L’ensemble du projet renforcera l’image culturelle et touristique de la ville, tout en redonnant au haut de la rue Nationale l’aspect qui était le sien avant guerre ». En réalité, le projet de révision s’éloigne de la perspective voulue par l’architecte Patout : toits plats en surélévation des hôtels et disproportion du Palais de la Gastronomie par rapport à la Bibliothèque.4) Le parti pris contre les grands arbresQue ce soit, Place Prosper Mérimée, déjà évoquée, Quai André Malraux où :"ce dernier, (le château) implanté en bord de fleuve jusqu’au XVIIIe siècle est aujourd’hui difficilement perceptible depuis les lointains, du fait de la forte présence de végétation le long du fleuve et de l’alignement de platanes en partie haute des quais, qui forment une barrière visuelle. La possibilité de créer un filtre plus lâche en abattant un platane sur deux, permettrait de rendre plus perceptible le château depuis les lointains et favoriserait la création d’une séquence différenciée et plus ouverte le long de l'avenue André Malraux." Place Anatole France : "Enfin, l’ancien plan de sauvegarde comportait des « espaces boisés classés » correspondant aux alignements d’arbres structurant la place. Bien que conservée, cette obligation est traduite dans le nouveau plan dans la légende « composition ou ordonnance végétale d’ensemble à préserver, à renforcer, à compléter ou à créer ». Toutefois, afin de favoriser la lisibilité et l’accès de la bibliothèque (pour la nouvelle entrée) et du futur bâtiment à réaliser en pendant, ces alignements d’arbres pourront être supprimés." Place de la résistance : "Les possibilités de construire parking souterrain ou de reporter le stationnement dans des parkings limitrophes doivent être étudiées." Après l'hécatombe causée par l'arrivée du tramway, de nombreux grands arbres sont à nouveau menacés. Seuls les alignements d'arbres de la Place du Chardonnet formant une "ombre légère" trouvent grâce auprès des aménageurs qui considèrent les arbres seulement comme des éléments de décoration. D'ailleurs dans le Rapport de Présentation Partie 3 Les choix retenus pour le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur, il est clairement écrit à la page 60 : "Dans le cadre d’un projet d’aménagement de l’espace public ou de mise en œuvre de nouveaux axes de transports en commun, les alignements existants peuvent être ajustés ou supprimés, si le projet d’insertion urbaine constitue une amélioration de la qualité spatiale et une meilleure mise en valeur de l’enveloppe bâti." On peut lire également : "LES ARBRES REMARQUABLES La protection de ces arbres et leur maintien doit intégrer l’aspect dynamique du vivant et les évolutions possibles des espaces libres. Dans le cadre d’un projet d’aménagement d’ensemble, ces arbres remarquables peuvent être repositionnés et les essences végétales modifiées, voire supprimées, si le projet constitue une amélioration de l’espace et une meilleure mise en valeur de l’environnement architectural. Les arbres remarquables doivent être maintenus et leur bon développement assuré. En cas de nécessité d’abattage dûment justifiée, l’arbre devra être remplacé par un sujet d’essence identique ou par une plantation contribuant au maintien du couvert originel." Décidément, on ne s'interdira rien dans ce PSMV. A contrario, la minéralisation totale de la Place de la Préfecture ne semble pas gêner les auteurs du projet. En mars 2012, dans les conclusions de l’enquête sur la modification du PSMV pour le haut de la rue Nationale, le commissaire-enquêteur, reprenant les propos de la mairie, écrivait : « Les espaces boisés classés sont conservés car ils ne peuvent être supprimés que dans le cadre de la révision ». On y est ! Nuance, le même commissaire enquêteur écrit également : « La Commission Nationale des Secteurs sauvegardés envisage, dans sa conclusion, un réaménagement des EBC mais pas leur suppression ». La ville adapte la réglementation à ses desiderata. Nous vous demandons d’émettre une réserve afin d’empêcher cette suppression. 5) L'aménagement de la Place Jean JaurèsLes fossoyeurs de notre identité tourangelle avancent à pas feutrés :Dans les deux cas, les parterres et les massifs sont supprimés. Pour nous, il est urgent d'attendre. Par ailleurs, le bâtiment qui abrite les Galeries Lafayette ne bénéficie d'aucune protection. Cela est regrettable dans la mesure où il forme un ensemble harmonieux avec le Palais de Justice. 6) La politique des parkingsD'un côté on prétend vouloir attirer des familles, de l'autre on pousse les voitures dans des parkings payants pour compliquer leur quotidien et alourdir leurs charges. Ainsi pour les constructions nouvelles, il serait raisonnable et réaliste de demander une place de parking par 80 m2 de surface de plancher construite.Pourquoi envisager la création d'un parking place de La Résistance, alors que celui de la place Anatole France n'affiche pas complet ? Les véritables motifs sont-ils environnementaux ou économiques ? 7) Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) et règlement du PSMVLors de la commission nationale des sites du 20 juin 2013, monsieur Dominique Masson soulève une question majeure sur les OAP. Il rappelle que l’utilisation de ce nouvel outil dans le PSMV est récente et que le règlement du PSMV se veut très précis, que ce soit au niveau des immeubles ou des espaces. Aussi, la question se pose du rapport que doivent entretenir les OAP vis-à-vis des dispositions règlementaires du PSMV ; doit-on s’en servir comme une indication supplémentaire par rapport à l’application de la règle ou en faire un substitut à cette même règle sous la forme d’une démarche d’urbanisme et de projet ? Il estime qu’un approfondissement de ces questions est nécessaire. Les Tourangeaux soucieux du devenir de leur secteur sauvegardé sont en droit d’attendre une réponse claire à cet enjeu. La mairie a opté de façon arbitraire pour la seconde option, qui lui permet d’aller au-delà du règlement. Ces OAP sont donc assimilables à des servitudes.A l'article US.13.3.2. Comment "un espace libre à dominante minérale" peut-il jouer un rôle dans les équilibres écologiques ? ?? Etant donné la densité de population dans le secteur sauvegardé, les opérations de géothermie devraient être interdites en raison du bruit qu'elles produisent. A noter que l'arrêté préfectoral du 2 juin 2003 déclarant d'utilité publique les périmètres de protection des forages de "L'Ile Simon" interdit le creusement de forages, puits et sondages, sauf dérogation préfectorale après avis de l'hydrogéologue agréé, au nord de la rue des Tanneurs. ConclusionA la page 10 du Rapport de Présentation Partie 1 Les diagnostics du secteur sauvegardé, il est écrit :« Ne rien s’interdire pour mieux ancrer la ville de Tours dans son époque, dans le respect de son histoire, de sa culture et de son âme. Un défi qu’il nous faut chaque jour relever en cultivant pour se faire témérité pour lever les obstacles et humilité face à l’histoire qui nous surplombe. » Jean Germain, Maire de Tours, 2003. Ces propos très libéraux laissent dubitatifs quand on sait que 53% des bâtiments du secteur sauvegardé peuvent être démolis. La Commission Nationale des Sites du 20 juin 2013 a émis un avis favorable à l'unanimité sur le projet de révision du Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur du secteur sauvegardé de la ville de Tours. Quel degré de connaissance de la ville ses membres avaient-ils ? Nous espérons, Monsieur le Commissaire enquêteur, que vous porterez attention à nos inquiétudes et limiterez les excès par des réserves appropriées. Pour l'AQUAVIT, Le Président, François Louault |
Vote, les yeux bandés, de la minéralisation de la place Jean Jaurès
Le Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) du secteur sauvegardé de la ville de Tours a été soumis à enquête publique du 16 septembre au 16 octobre 2013. On en n'a plus entendu parlé jusqu'au 20 décembre, date de l'approbation de ce plan par le conseil municipal. Sur quelles bases ? Quelles étaient donc les conclusions du commissaire-enquêteur ? Même les conseillers municipaux ne le savaient pas. Ce document était censé être annexé au dossier de préparation du conseil. Il n'y était pas, pas plus qu'il n'était sur le CD joint. Comment peut-on ainsi approuver un plan les yeux fermés ? La Nouvelle République dans son édition du 21 décembre avait promis de traiter le sujet "dans une prochaine édition", elle ne l'a pas fait, il est à craindre que les journalistes aient rencontré les mêmes difficultés que nous, car les conclusions ne sont pas présentes sur la page dédiée de la mairie avec les dossiers d'enquête. Nous avons fini par les trouver sur le site de la Préfecture d'Indre et Loire, où elles ne sont même pas accessibles avec le critère de recherche "PSMV". Elles y sont postées depuis le 19 décembre. Y-a-t-il eu une volonté délibérée de dissimuler le document ? En ce qui concerne le contenu de ces conclusions, le commissaire-enquêteur épouse complètement la volonté municipale de se libérer des contraintes du plan précédent, qui avait permis une sauvegarde remarquable du patrimoine du vieux Tours. Il n'y aura désormais plus d'Espace Boisé Classé, la mairie pourra abattre n'importe que arbre sans vergogne, comme elle pourra bâtir des verrues d'immeubles hors-sol au milieu des maisons de tuffeau et d'ardoise. Elle pourra abattre le couvent des Recollets et paver complètement la place Jean Jaurès. Seule l'Architecte des Bâtiments de France pourrait entraver ces débordements, ce qui n'a guère été le cas récemment. Par ailleurs, le commissaire-enquêteur s'est exprimé avec des "recommandations" (très mineures), alors que depuis le 1er juin 2012, elles ne sont plus d'usage. Il a aussi indiqué que certains objectifs du PLU sont atteints, en oubliant que d'autres ne le sont pas, en particulier ceux de développement de la trame verte, cela est source d'un déséquilibre contraire à ce qui est prôné dans ce document et aussi dans d'autres. Etant donnée cette cascade d'anomalies, l'AQUAVIT déposera un recours gracieux auprès du Préfet d'Indre et Loire, afin que soit annulée la décision du Conseil Municipal du 20 décembre d'approuver le PSMV. |