Rue du Moulin-à-Vent. Tours.
Pourquoi devrait-on sacrifier ce qui fait les derniers beaux jours des centres villes ? Pour une nouvelle urbanité ? Mais nos poumons, nos yeux, notre physiologie ont besoin de ces apparitions. Détruire les maisons anciennes, arracher la végétation, creuser le sol, taire le chant des oiseaux et mettre le tout dans les mains d’affairistes procède d’un abandon de la conscience commune. Il y a d’autres voies que le pur et simple bétonnage, des voies plus équilibrées.
A l’heure où les communes se rejoignent, elles pourraient se développer harmonieusement en composant un tissu dont le maillage respecterait l’humain, l'urbain, la terre et ses richesses. Ce n’est pas le cas à Tours-nord où les quartiers sont dévolus à la promotion sauvage. |
Post-scriptum du 21 octobre 2015 : en appel le Tribunal Administratif de Nantes a donné raison aux riverains. Voir l'article de la NR du 10 octobre 2015. |
L'effet domino
Voyez la construction au fond. Sur ce terrain, il y avait avant (photos Google Street ci-dessus) un pavillon avec sur le devant un bel espace vert. Maintenant (photo ci-dessous) il y a un immeuble devant, un parking derrière, plus d'espace vert. Il reste ceux des voisins. Pour combien de temps ? Le mitage (ou grignotage) est commencé, pour chaque propriétaire qui cèdera, on aura la même opération de densification extrême, béton et bitume, peut-être un peu de peinture verte. Entassement. Supposez que vous habitiez un de ces pavillons acquis après une vie de travail... Mieux vaut partir que se laisser envahir, surtout quand on se voit proposer un prix doublé alors que, si on reste, sa propriété perdra la moitié de sa valeur... |
Les branches du bel arbre de votre jardin débordaient chez votre voisin ? Elles ne le gêneront plus... Et vous voilà contraint d'entretenir un jardin d'ombre... |
LE BÉTONNAGE DE TOURS-NORD OU QUAND LE BETON REMPLACE LES JARDINS
Les Tourangeaux ont-ils remarqué qu’à Tours-Nord, le bétonnage se poursuit et s’accentue ? Tout au long du trajet du tram, avec l’appui de l’ancienne municipalité, les promoteurs immobiliers procèdent à l’achat des propriétés et des terrains pour construire des blocs d’immeubles de béton depuis l’avenue Maginot jusqu’à la rue de Jemmapes. A telle enseigne que les petits propriétaires de maisons individuelles avec jardins et espaces verts sont sans cesse harcelés par ces promoteurs qui n’hésitent plus à user de l’intimidation, voire de la menace, pour les contraindre à vendre. Les rues Delaroche et François Hardouin, notamment, sont devenues la proie de ces bétonneurs sans scrupules. Parmi d’autres promoteurs, Bouygues Immobilier n’hésite plus, par lettres dont nous avons reçu des copies, de signifier son empressement à acheter maisons individuelles et jardins. Si ce programme se poursuit, nous verrons le quartier de Tours-Nord devenir un laboratoire d’expérience imitant l’architecture qui prévalait dans l’ancienne Allemagne de l’Est ! Sur le côté est de l’avenue Maginot, le long du tracé du tram, entre la place de la Tranchée et la place Pilorget, une véritable colonisation a été menée par les promoteurs à l’affût ; des habitations particulières, des commerces ont laissé la place à des immeubles massifs. Au début de l’avenue de Jemmapes, en bordure du carrefour Daniel Meyer, des maisons particulières avec jardins et espaces verts ont disparu et le visage de ce quartier, depuis plusieurs mois, ressemble plus à une exposition de grues géants et de plaques de béton (sans compter le bruit infernal) qu’à un espace de vie agréable. Selon les responsables de l’ancienne municipalité, cet îlot Mayer-Jemmapes devait être un espace pour « conserver le caractère végétal du site et renforcer (sic !) le maillage des jardins » (sur le site untrampourtours). Les opérations immobilières autorisées par la municipalité alors dirigée par M. Germain démontrent que cette promesse n’était qu’une grossière tromperie ! Exit les jardins, vive le bétonnage des lieux ! Les salades et les narcisses pousseront sans doute dans le béton... Sans oublier le stess et les nuisances des riverains de ces chantiers : bruit et ballet continu des camions. Dans tous ces quartiers, la politique des promoteurs est toujours la même : isoler les maisons individuelles au milieu de ces immeubles de béton afin d’obliger finalement les petits propriétaires à leur vendre leurs biens, en provoquant ainsi l’effondrement de leur valeur... Cela pourrait ressembler à une forme de pression, une forme de chantage... |
Ci-dessus [photo Google Street] avant, ci-dessous après. Du béton partout.
L'immeuble ci-dessus à droite a été le premier construit au milieu des pavillons. Le début du mitage. |
Acheter en un coup ces cinq pavillons pour construire, le rêve des uns, le cauchemar des autres. Acheter et construire au fur et à mesure, un pis-aller pour les uns, toujours le cauchemar pour les autres.
L'immeuble du fond est celui qui est qualifié trois photos au-dessus de "début du mitage". |
- Là derrière, il y a un bel espace vert tout en longueur, un bon coup pour construire.
- Mais un immeuble surplomberait les jardins individuelles, ça porterait atteinte au caractère et à l’intérêt des lieux environnants. De plus, dans sa composition, la nouvelle construction ne traduirait pas le parcellaire existant, tout cela est contraire au PLU (article 11.1.1), le permis de construire ne serait pas conforme. - On en a cure, c'est subjectif, les ingénieurs de la ville s'en fichent et le tribunal administratif aussi ! |
Pour toute personne de bonne foi, cet article n'est pas respecté dans les constructions actuelles d'immeubles au milieu des maisons individuelles sur Tours Nord. Que dire des maires qui passent outre et des juges de Tribunal Administratif qui ignorent la portée de cet article essentiel pour la qualité de vie ? |
Près d'un parking-relais du tramway (construit sur un petit supermarché de proximité au grand dam des riverains), les propriétaires des parcelles en jaune font l'objet d'offres agressives de Bouygues Immobilier qui envisage une grosse opération immobilière. |
A vendre, à vendre, et pas seulement pour les toutes nouvelles constructions...
L'offre est plus forte que la demande. ne va-ton pas vers une bulle immobilière ? Appréciez sur ces deux photos la superficie de l'espace vert... |
Ci-dessus un immeuble des années 1970, construit sur un large terrain permettant un éloignement des pavillons avoisinants et le développement d'un espace vert important, la densification étant obtenue par la hauteur de l'immeuble. |
Ci-dessus un immeuble en fin de de construction. Les espaces verts sont ceux de la voie publique et ceux des voisins qui résistent. En entrant sous le porche, ci-dessous, on trouve au fond du parking deux minuscules espaces pour acceuillir du gazon et des buissons, peut-être un ou deux arbrisseaux... |
BIMBY, Build In My Back Yard, Construire dans mon arrière-cour
Il s'agit d'une densification par la maison individuelle. Ce projet BIMBY (voir le site bimby.fr), venant des pays du nord de l'Europe, est "porté par l'Agence nationale de la recherche". Il propose "aux propriétaires des entretiens individuels pour évaluer les besoins et opportunités individuelles d'évolution de leur parcelle". Le but est de scinder les parcelles pavillonnaires. Par 87 exemple diviser en trois un terrain de 1000 m2 pour y construire deux nouvelles maisons à côté de celle en place. Tout un processus peut être mis en place au niveau communal pour inciter les habitants à aller en ce sens. Sur le sujet plus général de la densification urbaine, on se reportera à l'article de Wikipédia |