Le canal reliant la Loire au Cher, entre Tours et St Pierre des Corps, au début du XXème siècle
La procédure de révision du Plan de Prévention contre les Risques d’Inondation (PPRI) Val de Tours – Val de Luynes (2001), est engagée depuis 2011. Elle s’inscrit dorénavant dans le cadre des réglementations européennes, puisque ce plan relève des « Territoires Risque Inondation » (TRI). Il est reconnu comme l’un des plus exposés du val, et même de la France entière (le val de Loire est en troisième rang après une inondation à Paris type 1910 et un tremblement de terre à Nice). L’enquête publique préalable à sa finalisation initialement prévue en 2014 a été repoussée au premier semestre 2016.
Les travaux préparatoires ont permis la réalisation de nombreuses études hydrauliques, simulations, études de danger des digues, définition des zones de dissipation d’énergie au niveau des brèches potentielles, prise en compte des zones d’écoulement préférentielle (ruisseaux aujourd’hui souterrains). Ils renforcent les connaissances scientifiques sur lesquelles reposait le précédent PPRI, tout en réévaluant à la hausse le niveau de risques.
Les nouvelles données démontrent que si le risque de submersion des levées, notamment celles de la Loire est à la baisse (retour 170 ans), en revanche la probabilité d’inondation par rupture de digue est plus élevée (retour 70 ans), avec une élévation des hauteurs d’eau en zone submergée. Ces études prouvent également la dangerosité accrue du Cher, résultant des travaux d’endiguement-remblaiement. Ceci aura des implications redoutables en matière de cartographie des risques et de réglementation dans le prochain PPRI. Une étude de danger spécifique du val protégé par la digue de rive gauche du Cher a même été commandée à un bureau spécialisé.
L’AQUAVIT s’indigne du manque de concertation des services de l’Etat et de la municipalité dans la préparation de ce plan, en deçà même du minimum réglementaire. Ni les associations environnementales, ni leurs spécialistes, ni la population (à travers les Conseils de la Vie Locale) n’ont été consultés sur cette révision. A St Genouph, La Ville au Dame, St Pierre des Corps, la phase de concertation s’est traduite par des réunions publiques dès octobre 2014 impliquant plus de 300 citoyens. A Tours, la seule réunion imposée par la procédure, tenue le 23 avril 2015, hors délai de la première concertation, a été réduite à sa plus simple expression. Tout se passe comme si nos décideurs voulaient impérativement tenir à l’écart la population concernée en zone inondable. L’AQUAVIT qui, depuis des mois, réclame un débat ouvert sur le sujet s’entend répondre « Vous voulez affoler la population ».
Inondation du val de Tours en cas de crue de probabilité "moyenne" (cliquez sur l'image pour agrandir)
La digue du canal (en noir, ici recoloriée en rouge) a un rôle essentiel pour éviter la propagation d'une inondation.
(Rapport de présentation de la Cartographie du risque d'Inondation par la Loire et le Cher du secteur de Tours, 2013)
Bien qu’ambigüe, l’attitude de l’Etat ne nous échappe pas. Derrière ce plan se profilent des choix inacceptables : la remise en cause des principes de lutte contre les inondations qui prévalent depuis huit siècles, privilégiant les endiguements protecteurs, les déversoirs, et leur remplacement par des concepts discutables : libre expansion des crues, promotion de la culture du risque, résilience, voire d’enjeux financiers discutables. Un récent rapport de l’atelier « Territoires en mutation exposés aux risques » diffusé par le ministère de l’Environnement ne manque pas d’inquiéter sur cette évolution qui traduit un désengagement de l’Etat.
Il en va ainsi de l’avenir de la digue du Canal à Tours, qui longe l’autoroute et qui, depuis deux siècles, constitue un élément majeur de la sanctuarisation du val de Tours inondable. Elle est aujourd’hui menacée de déclassement, ouvrant la voie à un arasement déjà envisagé dans un projet de Tour(s) Plus « Et si l’autoroute A10 ouvrait le(s) passage(s) urbain(s) » entre Tours et St Pierre des Corps. Cette initiative était d’ailleurs discrètement inscrite dans le SCOT 2013 avec pour objectif un « corridor à apaiser ».
Le canal est comblé pour laisser passer l'autoroute A10, inaugurée en 1971.
En bas le Cher, en haut la Loire (documents ATU).
Seule la digue Ouest, du côté de Tours est conservée.
Durant deux siècles, un rôle protecteur
La « digue du canal », anciennement canal du Berry, implantée en 1828 lors de la réalisation du canal de jonction entre Cher et Loire et qui aujourd’hui longe l’autoroute A10 du côté de la ville de Tours, occupe depuis près de deux siècles une place essentielle dans le système de défense de la ville de Tours contre les inondations exceptionnelles. Dans les années 1990, le maire Jean Royer avait même programmé la construction d’une digue comparable en aval de Tours entre La Riche et Saint Genouph afin de maîtriser les remontées de crues venant de l’aval (SDAT 1993).
Le canal arboré, lieu de promenade des Tourangeaux, est remplacé par un large couloir de pollution.
Tours est sur la droite de la photo (au fond le Cher), derrière la digue, qui protège du bruit plus que de la pollution.
(photo Google Street prise du pont du Milieu)
Continuellement renforcée depuis la crue de 1856, classée A dans le système de protection « Val de Tours, Val de Luynes », la digue a été conservée lorsque le canal a été supprimé pour laisser place à l’autoroute A10 en 1971, avec un système de batardeaux prévu pour colmater les coupures routières et ferroviaires.
Cet axe occupe même une place politique et géopolitique spéciale dans l’histoire contemporaine des relations Tours - St Pierre des Corps. La gestion de cette digue a constitué un facteur de division en période de crue : la protection des Tourangeaux peut-elle se faire au détriment de leurs voisins corpopétrussiens ? C’est oublier que, digue ou pas, l’arrivée des flots en zone urbaine se traduit toujours par une élévation des eaux (phénomène de « rugosité »). C’est oublier aussi qu’en cas de crue océanique exceptionnelle (type 1982), cette digue pourrait même protéger les habitants de St Pierre alors que la ville de Tours serait submergée (cas de rupture de digue entre le pont Mirabeau et celui de l’autoroute, ou en cas de retour de crue par St Genouph).
Cet ouvrage est remis en cause par les « experts » dans le cadre de la révision du PPRI en cours de finalisation, pour des motifs contestables d’un point de vue hydrologique. Pourtant l’étude de dangers des digues de classe A réalisée en 2011 par les services de l’Etat rappelait l’importance stratégique de cet ouvrage constituant un rempart ultime (protection de « second rang ») en cas de rupture de la digue de Conneuil ou de celle de Rochepinard.
Conclusion de l'étude de dangers du val de Tours - Etude des brèches historiques (juin 2011)
Nous n'aborderons pas ici la question de l’impact du canal sur la gestion des eaux dans les varennes alluviales de Tours et St Pierre des Corps, de part et d’autre de cet ouvrage. Cet aspect est parfaitement traité dans un récent opuscule réalisé par l’agence d’urbanisme de l’agglomération de Tours (ATU, 2011).
Dans le scénario n°2, et dans une moindre mesure les n°5 et 6, la digue du canal empêcherait l'inondation de St Pierre des Corps par l'Ouest.
Le scénario n°1, avec trois brèches (point C) sur la digue du canal provoquant l'inondation de Tours par l'Est, est celui de la crue de 1856.
En 1866, la digue, surélevée, avait tenu et empêché l'inondation de Tours par l'Est (scénario n°3).
La digue sur la Ville aux Dames (Conneuil - point B) a été renforcée en 2014, diminuant ainsi le risque des scénarios 1 et 3.
Le scénario le plus probable - au moins pour l'AQUAVIT - est le n°7, avec un risque accru en aval à Pont-Cher (sud du point E)
(document Etude des dangers Val de Tours 2014, page 60/64)
Le canal était souvent considéré au XIXème siècle comme une « brèche » dans le système de défense de Tours, jugé comme un élément amplificateur d’inondation, perception qui remonte à la crue catastrophique de 1856, qui a submergé toute la ville de Tours, à partir de plusieurs ruptures de l’ouvrage. La réalité se révèle plus complexe car la digue, qui avait pourtant résisté en 1846, n’était encore en 1856 qu’un modeste chemin de halage encore peu surélevé et les flots arrivaient de tous les côtés : en amont Loire par les ruptures d’Amboise et Conneuil, en aval Loire (remontées) et en amont du Cher (Rochepinard).
Chemin de halage le long de la digue, avant qu'elle ne soit surélevée et renforcée vers 1860 puis 1869
(document ATU, N.D. ACC).
Au lendemain de la catastrophe de 1856, d’importants travaux de consolidation avaient été menés (début des années 1860). Lors de la troisième crue exceptionnelle de 1866, la digue renforcée a résisté et a permis à la ville de Tours d’échapper à l’immersion, tout en montrant quelques signes de fragilité au niveau de la gare du canal (près de la Loire). D’où une nouvelle phase de travaux en 1869, rehaussant l’ouvrage à 5 mètres et l’élargissant à 6 mètres.
D’une façon générale, en cas de crue simultanée des deux cours d’eau, la digue du canal joue un rôle amortisseur en influant sur le déphasage chronologique entre crues du Cher et de la Loire / Allier. En cas de simple crue son rôle protecteur est encore plus décisif.
Pour exploiter ce phénomène, un ingénieur (Emile Roy) a même proposé au début du XXème siècle la construction d’un canal en amont, au droit de Conneuil (La Ville aux Dames), afin de rendre plus efficaces les transferts de flux entre Loire et Cher en cas de crue exceptionnelle.
Lors du comblement du canal et la mise en place de l’autoroute A10, le rôle protecteur de la digue a été conforté, y compris au niveau des trois passages, pouvant être colmatés par des batardeaux : la ligne de chemin de fer, la rue du Dr Zamenhof, sous le pont autoroutier, et au-dessus de l’avenue Jean Bonnin.
Parallèlement, la mise en place de l’autoroute A10 a conféré à cet ouvrage de nouvelles fonctions : mur anti-bruit et, dans une moindre mesure, mur anti-pollution, anti-vibrations. L’espace bitumé sous l’autoroute est devenu un parking relais.
Percées dans la digue du canal/autoroute. Des encoches dans le béton (photo de gauche) permettent de fermer l'ouverture
avec des pièces métalliques. Tours est sur le devant, Saint Pierre des Corps au fond (à l'Est).
La photo montre la percée de la rue du Dr Zamenhof, à gauche, et celle plus élevée de la ligne de chemin de fer, à droite.
Quel est le "niveau de sécurité" de cette digue ? Comment se situe-t-elle par rapport au niveau de ces deux percées ?
Pourquoi ne le sait-on pas encore ? (le niveau de sécurité de chaque digue est un des éléments d'information du PPRI)
Demain, son arasement
Aujourd’hui, la Direction Départemental des Territoires (DDT) tire prétexte de la découverte de zones de dissipation d’énergie de part et d’autre de la digue pour la déclasser, et, à terme, l’araser en partie.
Concomitamment depuis quelques mois, d’inquiétants projets d’aménagements de l’A10 entre Tours et St Pierre des Corps s’appuient sur un déclassement considéré comme déjà acquis.
Nouvelle République du 30 juin 2015 : projet "Ouvrir les passages" avec percement de la digue du canal
(photo Google Street et illustration parue seulement sur le site de la NR, pas dans le journal…)
Jusqu’au 16 septembre 2015, les rares informations dont on disposait témoignaient d’une volonté de l’Etat de déclassifier cet ouvrage dans le cadre de la révision du PPRI. Lors de la réunion publique d’information du 23 avril 2015, M. le Directeur de la DDT a estimé que la digue avait un rôle « faussement sécurisant » et qu’elle constituait « un facteur de risque aggravant ». Appuyant son discours sur des études confidentielles (pourquoi ?), il ne cachait pas la volonté de l’Etat de soustraire cette digue pourtant classée A du système de défense du val de Tours prévalant depuis un siècle et demi.
Derrière cette remise en cause, se profile un chantier privilégiant d’autres enjeux sans rapport avec la sécurité des habitants.
Pourtant le renforcement de la digue avait été constant jusqu’en 1970 et l’implantation d’un système de batardeaux au niveau des percées témoigne de son rôle privilégié dans la défense du val de Tours. L’hypothèse défendue par l’Etat via son DDT, d’une crue historique exceptionnelle menaçant de surverse et provoquant une brèche avec des remous dévastateurs, n’est qu’une hypothèse parmi d’autres beaucoup plus vraisemblables où la digue jouerait pleinement son rôle. C’est un prétexte.
Parmi les sept scénarios retenus lors de l’étude de dangers, la probabilité d’une brèche sur la digue du canal apparaît peu vraisemblable. Les crues exceptionnelles de la Loire se sont espacées (4 crues de plus de 3 mètres à Tours de 1960 à 1990, alors qu’il en était relevé 32 de 1860 à 1890). La digue de Conneuil a été renforcée en 2014. Les brèches de Montlouis, à l’aval de l’A10, de la Riche et de St Genouph entraîneraient une immersion moins forte que pour Conneuil. Le danger d’une crue sur le Cher apparaît plus fréquent avec une brèche sur la levée du Cher qui provoquerait une immersion avec des courants bien moins forts que s’ils venaient de la Loire.
Extrait d'une note de présentation du PPRI (page 55/64) (septembre 2014)
D’une façon générale, en cas de crue simultanée des deux cours d’eau, la digue du canal joue un rôle amortisseur en influant sur le déphasage chronologique entre crues du Cher et de la Loire / Allier. En cas de simple crue son rôle protecteur est encore plus décisif.
Ainsi, compte tenu des évolutions des risques hydrologiques, la digue du canal s’avère beaucoup plus sécurisante aujourd’hui qu’elle ne l’était lors des grandes inondations du XIXème siècle.
Après-demain, un grand projet inutile imposé ?
C’est seulement à la mi-septembre qu’a été dévoilé le projet d’arrêté préfectoral décidant du déclassement et de l’arasement de la digue du canal, soumis au Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques (CODERST) du 24 septembre 2015.
On y découvre que cette décision résulte de travaux coordonnés par le ministère de l’Environnement depuis plus de deux ans, dans le cadre d’un atelier national « Territoires en mutations exposés aux risques ». Un des sites pilotes, titré « Loire moyenne : Tours – St Pierre des Corps », était chargé de faire des propositions pour reconfigurer la digue du canal jugée « protection qui se révèle dangereuse et inutile ».
L’arasement de la digue, avec ses conséquences en terme de propagation des crues, du bruit et de la pollution, n’y est présenté que comme une première étape : « Cette orientation est aussi porteuse d’une forte dimension en terme d’aménagement, d’urbanisme et de déplacements. En effet, ce secteur présente un fort potentiel d’amélioration ».
Le projet « Ouvrir les passages » s’est inscrit dans le prolongement de cette étude, ce qui a été très soigneusement caché jusqu’ici.
Tout aussi secrète et précipitée, en plein été, a été l’approbation des maires de Tours et St Pierre des Corps, qui n’ont même pas consulté leur municipalité.
Les principaux lieux prévus de suppression de la digue (photos Google Map, Google Street)
Au nord et au sud de la ligne de chemin de fer, ci-dessus du côté du quartier Velpeau, ci-dessous du côté du quartier Beaujardin.
Le fait est que face à l’ouverture prévue se trouve du côté du quartier Velpeau un terrain herbeux avec des préfabriqués accueillant des sans abris. Et du côté du quartier Beaujardin, derrière l’école Raspail, il sera, pour le moins, facile de supprimer un terrain de sport (en bordure duquel des arbres ont été planté par le Conseil de Vie Locale de Tours Est en 2012 pour se protéger du bruit !). Les immeubles du bout de la rue d’Estienne d’Orves, récemment réhabilités, pourraient être détruits… Une bretelle d’autoroute vers Ikea peut s’y inscrire (article NR du 29 janvier 2015). A côté de l’autoroute et face au centre commercial des Atlantes, quels projets mirobolants sont d’ores et déjà dans les cartons ? Ce qui est présenté comme un « caractère prioritaire de l’engagement de la démarche de mise en transparence partielle de la levée de l’ancien canal » est très lourd de conséquences…
Figer le développement urbain derrière les digues ne solutionne pas la question de la fragilité du bâti existant face à une rupture de l’ouvrage et à la dissipation de l’énergie.
En permettant le renouvellement urbain derrière les digues, les nouveaux bâtiments seront conçus pour être plus solides que les anciens.
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Extraits des conclusions de l'Atelier National de 2014, ces phrases écrites par des urbanistes
et aménageurs sont lourdes d'arrière-pensées sur la volonté de détruire pour reconstruire,
en premier lieu dans les quartiers Velpeau et Beaujardin
(on note au passage qu'on s'appuie sur la rupture d'un ouvrage qui n'existerait plus
puisqu'il aurait été mis en transparence !)
Le jeu en vaut la chandelle. Les ingénieurs du passé n’y connaissaient donc rien en hydrologie. Contrairement à ce qu’ils pensaient et à ce qui s’est passé en 1866, la digue ne protégeait aucunement les Tourangeaux du val. Nos très savants experts ont su être diligents pour estimer que cette digue est devenue dangereuse. On devrait les remercier de nous épargner une catastrophe…
Leur « étude de danger » est toujours cachée aux citoyens [P.-S. : jusqu'à fin décembre 2015], qui de toute façon ne peuvent rien comprendre… Avant que la décision soit actée, il n’aurait pas fallu que des dizaines de milliers de Tourangeaux sachent que leurs caves peuvent être inondées avec une crue sans caractère exceptionnel, ne s’élevant que de quelques dizaines de centimètres au-dessus de l’actuel base de la digue, sans aucun risque de brèche…
Pourquoi le niveau de sûreté de la digue du canal n'est-il pas communiqué ? Même aux membres du CODERST...
(extrait d'un dossier de concertation sur l'aléa de septembre 2014, muet sur le déclassement de la digue)
Stop à l’hypocrisie et à l’arbitraire !
Chacun se rend compte combien le passage de l’autoroute A10 au cœur de l'agglomération fut une catastrophe. Ce choix, à l’époque, était imposé aux Tourangeaux par les services de l’Etat. Le maire, Jean Royer, opposé a priori a ce tracé, s’était plié aux exigences de l’administration.
Cinquante ans plus tard, les Tourangeaux se trouvent devant un scénario analogue. Les services de l’Etat ont décidé de supprimer la digue du Canal, sans aucune concertation et, pire même, dans le secret le plus total. Le maire de Tours s'est plié à ces exigences. Tant pis pour la sécurité des habitants !
Le processus de déclassement est enclenché ; il est sur le point d’être entériné sans la moindre information au public, avant même la deuxième phase de concertation du PPRI et avant l’enquête publique.
Ce processus est inacceptable, le projet a été pensé par des technocrates plus ou moins avertis des spécificités de l’hydrologie de la Loire. Derrière ce choix se profilent des projets fumeux (voir ci-dessus) qui masquent de bas motifs financiers. Manifestement, l’Etat, Cofiroute et la Ville de Tours ne veulent plus financer l’entretien de la digue du Canal, dont ils sont gestionnaires. Tout cela s’effectue dans un silence médiatique complet et entretenu. Toutes nos tentatives de dialogue avec les décideurs ont été repoussées.
Cela permet de masquer la fragilité des arguments appuyant le déclassement. Tout repose en effet sur le prétendu contenu d’une étude de danger qui met en avant les sept scénarios de rupture de digue avec des niveaux de sûreté bien inférieurs à ceux jusque-là admis. Pourtant les spécialistes reconnaissent eux-mêmes les limites des modèles portant sur l’aléa de rupture de digue (cf. étude 2013 « La résilience face à la normativité et la solidarité des territoires ») : « Les gestionnaires des risques s’accordent à penser qu’un débat ne peut exister tant que les critères et résultats sont en construction ». Cette étude contient pourtant une analyse des brèches qui reconnaît le rôle salvateur de la digue du canal (voir ci-dessus).
Extrait de l'arrêté préfectoral "relatif à l'information des acquéreurs et des locataires de biens immobiliers",
de novembre 2012 (page entière). En 3 ans, sans aucune modification, la digue du canal a perdu, aux yeux de l'Etat,
son statut de "protection efficace" pour devenir "inutile et dangereuse".
Un tel choix est d’autant plus prématuré que le danger objectif provient davantage du Cher que de la Loire (une étude hydraulique sur le Cher est d’ailleurs en cours). Certes l’un des scénarios (N° 7) prend en compte ce paramètre qui reste sous-estimé (voir sur ce point les travaux préalables à l’étude de danger réalisés par le laboratoire de Blois en avril 2011). Le dossier de concertation sur l’aléa (fin 2014) admet que « L’hydrologie du Cher reste mal connue pour les crues importantes.
Le niveau de sureté réel est nettement inférieur au niveau de protection apparent ». Ainsi les digues du Cher peuvent rompre pour des niveaux de crue revenant tous les 50 ans. Pourquoi donc décider avant la fin des études et la tenue d’une véritable concertation ?
L’AQUAVIT dénonce ce diktat et appelle toutes les parties concernées à réagir pour circonscrire au mieux les risques d’inondation sur le val de Tours.
Nouvelle République du 3 juillet 2015 :
Les Tourangeaux seront-ils incités à jouer au ballon à l'endroit le plus pollué de la ville ?
Alors que la suppression en cours de la digue est cachée (l'image est précisément cadrée
afin que soit cachée l'ouverture pratiquée sur la droite vers le quartier Beaujardin,
voir illustration plus haut), on a préparé le terrain en communiquant de façon biaisée...
Page complémentaire : Notre évaluation du rapport du directeur départemental des territoires au CODERST pour découvrir combien les informations délivrées aux membres de cette commission sont biaisées.
Notre communiqué du 21 septembre 2015 : La digue du canal condamnée ? Le val de Tours serait ouvert aux inondations
Le 24 septembre 2015, le CODERST a validé au matin le déclassement de la digue. Le préfet a signé le déclassement l'après-midi même (P.-S. : cette information NR, "L’État vient de déclasser la digue", a depuis été démentie, tout du moins le 30/9/2015). Le dimanche suivant, au marché Velpeau, l'AQUAVIT a commencé une campagne d'information de la population, avec ce tract (sappuyant sur notre communiqué du lundi précédent), une campagne que nous n'avons pas pu mener plus tôt, la procédure finale de déclassement, complètement déconnectée du PPRI (!!), s'étant déroulée (hors de sa phase secrète) en une dizaine de jours. Les habitants ont appris le déclassement le mardi suivant par un article de la Nouvelle République.
Face à cette épreuve de force, ou toute opposition est stigmatisée et déformée, nous soulignons la position nuancée de l'AQUAVIT.
Nous demandons que :
- le déclassement soit remis en cause,
- toutes les études concernant la digue soient rendues publiques,
- son devenir soit discuté avec les citoyens concernés par cet ouvrage
Au delà, sauf surprise révélée par les études cachées ou en cours, nous demandons que :
- le préfet refuse le déclassement,
- la digue soit physiquement maintenue dans son intégralité,
- son utilisation soit modulée selon les facteurs de risque de brèche
Nous n'avons jamais demandé que la situation antérieure d'utilisation systématique de la digue, même en cas de crue exceptionnelle, soit maintenue.
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Notre communiqué du 9 octobre 2015 : Une amorce de concertation sur l’avenir de la digue du Canal
Le 14 décembre 2015 a été publié sur le site de la préfecture l'avant-projet de la révision du PPRI. En page 66, on y trouve un chapitre intitulé "Déclassement de la levée de l'ancien canal" (ici texte AVANT-PROJET avec notre évaluation). Il en ressort deux constats :
- Le projet d'arrêté préfectoral est abandonné, le déclassement ne pourra se faire qu'en passant par l'enquête publique du PPRI.
- Contrairement à ce que nous avait dit M. Bresson (DDT), devant le CVL-Est et en réunion, la "mise en transparence" de la digue est toujours d'actualité. Cela signifie que la volonté d'ouvrir le passage de l'eau de St Pierre des Corps à Tours et inversement est intacte, avec toutes les conséquences que cela implique pour 130.000 habitants.
Etant donné le manque habituel d'écoute de la population lors des enquêtes publiques à Tours, cela signifie qu'il a été décidé en haut lieu d'imposer un risque beaucoup plus élevé qu'auparavant d'inondation.
Il ressort d'une réunion publique tenue à Tours le 15 décembre qu'il y ait une nouvelle orientation de la DDT qui ne s'appuie plus seulement sur le danger de brèches dans la digue. Elle estime aussi que l'ouvrage est un obstacle à l'écoulement des eaux qui stagneraient trop longtemps s'il restait en place. C'est le refus du "compartimentage". Donc plutôt qu'inonder un seul compartiment, tous seront inondés... On est en train d'aggraver fortement les risques d'inondation sur tout le val de Tours.
Fin décembre 2015. Ce que dit vraiment l'étude de dangers
L'étude étude de dangers sur les digues de Tours achevée en juin 2013, que l'AQUAVIT réclamait depuis des mois, a enfin été rendue publique le 23 décembre 2015 sur le site du Ministère de l'Ecologie, deux ans et demi après sa finalisation. Rappelons que c'est en s'appuyant sur les conclusions de cette étude jusqu'alors confidentielle que la préfecture avait décidé en septembre dernier de soumettre au CODERST un arrêté de déclassement de la digue du canal, préalable à "la mise en transparence de cet ouvrage à court terme".
Cette procédure de déclassement conduite en catimini avait été éventée par notre association et a provoqué un vif mécontentement chez les riverains choqués d'être mis devant le fait accompli. De son côté l'AQUAVIT dénonçait l'attitude incompréhensible des services de l'Etat imposant une décision aussi lourde de conséquences en pleine phase de concertation préalable à l'enquête publique de révision du PPRI.
On retrouve, dans les mêmes termes, cette volonté de déclasser la digue dans l'avant projet du PPRI, alors que cette perspective n'avait jamais été envisagée dans les travaux préparatoires rendus publics. Nous disposons désormais de l'étude servant de document de référence. Son analyse approfondie est en cours. Dans un premier temps nous sommes en mesure de présenter dans cette sous-page Rapport les éléments essentiels portant sur la digue du canal.
D'ores et déjà nous constatons que les conclusions de cette étude sont prudentes puisqu'elle propose "deux scénarios d'aménagement : soit une mise en transparence, soit la réalisation de travaux de confortement pour qu'elle puisse remplir son rôle de protection. Des solutions intermédiaires sont également possibles. Cela suppose de mener une étude pour définir le devenir de la digue su canal et les travaux consécutifs à accomplir. Cette étude nécessitant une concertation approfondie, elle pourra également s'inscrire dans le cadre d'élaboration d'une stratégie locale".
Sans cette nouvelle étude demandée, sans cette concertation approfondie, sans cette élaboration d'une stratégie locale, nos décideurs ont tranché.
On comprend déjà le peu d'empressement à communiquer ce document...
Nous avons ensuite effectué une évaluation serrée de ce que dit l'étude de 2013 de la digue du canal, montrant des faiblesses, des défaillances et des éléments contestables justifiant la demande d'études complémentaires.
24 février 2016. Lettre ouverte à la Ministre de l'Ecologie
Suite à cette analyse précise de l'étude de dangers de 2013 sur laquelle s'est appuyé l'Etat pour déclarer la digue "inutile et dangereuse", l'AQUAVIT dénonce une précipitation irraisonnée portante atteinte à la sécurité des biens et des personnes du val de Tours. Dans une lettre ouverte, elle en fait part à Mme la Ministre de l'Ecologie et lui demande de renoncer au déclassement.
Pages complémentaires :
2 mars 2016. Mobilisation
La deuxième phase de concertation de la révision du PPRI se terminera le 13 mars 2016. A cet effet, l'AQUAVIT a distribué, aux abords de la digue, un tract incitant à demander à la Préfecture d'Indre et Loire le retrait du déclassement de la digue du Canal (lettre).
Au delà, sans réaction des services de l'Etat, les Tourangeaux les plus exposés se verraient contraints d'engager une action Judiciaire contre Etat qui n'assumerait plus son rôle protecteur.
3 mars 2016. Le déclassement est signé
La préfecture vient de publier l'arrêté de déclassement. Il est signé du 19 janvier, sur le texte de septembre présenté au CODERST (revoir notre page d'évaluation). Voir les pages 125 à 128 du
Recueil des actes administratifs février 2016. L'AQUAVIT a encore le temps de déposer un recours...
5 mars 2016. Un résumé sur le site Agoravox
Deux articles du site national collaboratif Agoravox présentent un résumé complet et chronologique de la situation actuelle :
12 mars 2016. L'avis de l'AQUAVIT sur l'avant-projet PPRI
La seconde phase de "concertation" sur le PPRI s'achève le 13 mars. La mairie de Tours a donné son avis (cf. NR du 18 février), l'AQUAVIT donne le sien en une déposition disponible en cette sous-page, structurée en trois parties, 1) un PPRI exagérément alarmiste, 2) un nouveau règlement drastique, 3) un avant-projet entaché de nombreuses défaillances, et explicitant la demande d'annulation du déclassement de la digue du Canal.
En complément, sur le blog Pressibus, une une autre déposition sur l'avant-projet PPRI.
Quelle hauteur d'eau dans votre salle à manger ?
Voici un témoignage d'habitant :
J'habite dans le quartier Velpeau, à 400 mètres de la digue. J'ai récemment eu l'occasion de faire un relevé par un géomètre. Mon jardinet est précisément à 46,60 mètres au dessus du niveau de la mer. Pour aller chez moi, il faut monter cinq marches d'environ 20 cm de hauteur, on est donc à 47,60 mètres. A supposer que la digue du canal soit "mise en transparence" et qu'elle soit creusée jusqu'à 47 mètres de hauteur, comme on le voit sur le schéma "Après" de l'Atelier National de 2014, cela signifie qu'en cas d'inondation "moyenne", non exceptionnelle, à 50 mètres de hauteur au dessus du niveau de la digue, un peu moins 400 m en aval, de l'ordre de 49,70 m, il y aurait 49,70 m - 47,50 m = 2,20 mètres d'eau dans ma salle à manger ! Alors qu'à cette hauteur de crue, la digue ne céderait pas puisque c'est 2 mètres au dessus de la base de la digue, 3 mètres en dessous de son sommet, c'est 50 cm sous le niveau d'ouverture de la rue Zamenhof...
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L'eau n'a pas besoin de monter si haut pour envahir les caves, ou les maisons qui ne sont pas surélevées. Et les flots envahiraient toute la ville, au delà même de La Riche... Alors que la digue du Canal empêche ces immersions !
Chacun peut faire ce calcul en consultant le site géoportail. Voici un zoom sur le centre de Tours (et on peut zoomer davantage...). Vous y voyez par exemple que la rue Victor Hugo et la rue Febvotte sont, à leur début (à environ 1,5 km de la digue), à 48 mètres de hauteur... Et pour connaître la hauteur de l'eau en 1856 à ce niveau, vous consultez cette carte correspondant à 51 m au niveau de la digue. Pour les rues Victor Hugo et Febvotte (toujours à leur début, à hauteur de la rue Georges Sand), cela fait environ 50,50 m. A supposer que l'inondation soit "moyenne", un mètre en dessous, on obtient 49,50 m, auxquels on soustrait 48 m, cela fait 49,50 - 48 = 1,50 m d'eau dans ces rues...
En complément à notre évaluation, en nous basant sur les données de l'étude de dangers de 2013, nous avons calculé qu'avec la digue du Canal opérationnelle, Tours risquerait d'être inondée tous les 500 ans. Avec la digue mise en transparence, selon l'arrêté que nous contestons, le risque passe à 40 ans !
Avril-mai 2016 : enquête publique sur le PPRI
L'enquête publique sur la révision du Plan de Prévention contre les Risques d'Inondation (PPRI) du Val de Tours, Val de Luynes se déroule du 18 avril au 19 mai 2016. Le dossier d'enquête est présenté sur cette page.
Les risques d'inondation de faible à fort et très fort, avec de lourdes conséquences sécuritaires (inondations jusqu'au 1er étage) et immobilières (dévalorisation du patrimoine). L'imminente destruction partielle de la digue du Canal (entre Tours et St Pierre des Corps), en est la cause, alors qu'elle avait sauvé la ville de l'inondation en 1866. Comment se mobiliser ? Consultez :
- nos réponses à des questions simples,
- notre dossier sur la digue du Canal,
- notre évaluation scientifique de ce que dit l'Etude de dangers de 2013 sur la digue,
- notre lettre ouverte à la Ministre de l'Ecologie,
- notre communiqué du 9 mai,
- notre déposition à l'enquête publique PPRI,
- nos conseils pour donner son avis à l'enquête PPRI,
- sur le blog Pressibus, questions demandes et avis à la commission PPRI, partie 1, partie2.
- sur le site Agoravox les articles "Comment l'Etat aggrave les risques d'inondation !", partie 1, partie 2, partie 3.
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Juin 2016 : un déversoir en amont de l'agglomération !
1er juin, alors que des départements proches et l’Est de la Touraine connaissent des inondations spectaculaires, nous publions un nouveau communiqué sur "l'inconscience des élus Tourangeaux". En sa conclusion, après un nouvel appel à la Ministre de la conclusion, nous écrivons : "Nous venons de prendre connaissance de cette "feuille de route" d’un "Atelier National" de 2013 et nous craignons que ce déclassement ne soit que la première étape d’un plan beaucoup plus vaste, qui, au-delà d’une digue de second rang, remettra en cause des ouvrages de premier rang afin de transformer en déversoir tout le val de Tours, depuis la digue de Conneuil (à la Ville aux Dames) jusqu’à la confluence du Cher, renouvelant la catastrophe de 1856 avec un immense lac, pour des inondations de bien moindre ampleur et plus fréquentes".
2 juin, crue de la Seine, on met en place les batardeaux pour protéger la ville de Paris, alors qu'à Tours l'Etat a décidé de ne plus utiliser les batardeaux et même de creuser pour que l'eau puisse entrer plus facilement dans le ville, de façon "apaisée". Pourquoi ne veut-on pas aussi que les Parisiens soient pacifiquement inondés ?
6 juin, l'AQUAVIT envoie ce message à la Nouvelle République, suite aux inondations de ce début juin :
Suite à l'article "Le Cher n'a jamais été aussi puissant" de ce lundi 6 juin, l'AQUAVIT s'étonne :
Ce samedi 4 juin, le maire de Romorantin qualifiait de "millénaire" la cru de la Sauldre, qui a inondé plusieurs quartiers de cette ville. Aujourd'hui lundi, c'est le Préfet d'Indre et Loire qui affirme que "Le Cher n'a jamais été aussi puissant". Cette surenchère médiatique vise davantage à excuser les défaillances des élus ou de l'Etat qu'à informer objectivement nos concitoyens.
Pour le Cher, à Tours, la crue actuelle est typique d'évènements de retour décennal. La crue de 1988, vicennale (20 ans), atteignait 1000 m3 / seconde, contre 813 le 5 juin. La crue historique de 1856 atteignait 1700 m3 / seconde.
Dans ce même article, on découvre que les travaux de renforcement sont coûteux pour la collectivité (1 M. d'euros pour 1 km), "Tout n'est pas réalisable en même temps" affirme le représentant de l'Etat. Certes. Mais peut-on envisager sérieusement de faire accepter à nos concitoyens tous les 10 ou 15 ans l'évacuation de centaines de personnes ? Qu'en sera-t-il lors de la crue centennale où il faudra gérer les 130 000 personnes du Val de Tours ? Il est sans doute plus confortable de reporter les coûts de la catastrophe sur les assurances et donc les assurés.
De ce fait, l'Etat et les élus poussent des projets d'aménagements au mépris de l'évaluation du risque : attribution laxiste de permis de construire en zone inondable, déclassement de digue au bénéfice d'autres projets (digues du Canal, Wagner et de Rochepinard à Tours...), transformation de digues en déversoirs en amont du val habité.
Qualifier d'exceptionnel un évènement fréquent montre à quel point les politiques de prévention actuelles (PPRI...) sont défaillantes. L'Etat préfère se dédouaner de ses responsabilités plutôt que d'assumer ses fonctions régaliennes de protection des citoyens. Et il transfère aux collectivités locales (Tours Plus) l'essentiel de la charge financière d'une fonction qui relève pourtant de sa propre autorité.
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8 juin :
Révélation : le document qui montre que l'Etat veut "sortir d'une approche défensive du risque", voici la "feuille de route" .
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Outre l'annonce de la création d'un déversoir à Conneuil (La Ville aux Dames), ce document nous apprend que les inondations deviendraient des "diffusions apaisées de l'eau". Quelle illusion quand on considère l'affolement des autorités face aux inondations de ce début juin !
11 juin : article de La Nouvelle République, sur la base d'un entretien avec le président de l'AQUAVIT, sous le titre "Un déversoir en amont de Tours, c'est insensé !".
Juillet 2016 : Les inondations de juin déjà oubliées
Trois nouveaux documents montrent à quelle vitesse le sujet de la prévention contre les risques d’inondations, brûlant en juin, est déjà oublié.
5 juillet. La commission d'enquête a remis ses conclusions. Les inondations, avec les évacuations de plus de mille habitants, n’ont servi qu’à motiver leur retard de publication. Le projet de révision du PPRI est pleinement approuvé, sans aucune réserve. C'était certain à l'avance puisqu'il y avait obligation que le PPRI soit révisé avant le 25 juillet 2016. Le seul intérêt de cette enquête publique a donc été d'obtenir quelques réponses des services de l'Etat, qui jusque-là restaient silencieux. Une analyse de ces réponses et non réponses est faite sur cette page du blog Pressibus.
Non seulement la commission n’a pas tenu compte du retour sur expérience, mais elle n’a même pas daigné répondre à certaines question de l’AQUAVIT dénonçant le caractère excessivement alarmiste du nouveau PPRI. Ces inondations de juin, de fréquence décennale, ont paniqué des autorités (les jugeant exceptionnelles !) qui auraient dû être rassurées par le nouveau PPRI. Cela démontre que l’étude de dangers de 2013 ne saurait être considérée comme une référence.
7 juillet. nous avons pris connaissance du rapport d'activité 2015 de l'ATU l'Agence d'Urbanisme de l'Agglomération de Tours (anciennenment Atelier Tourangeau d'Urbanisme, dépendant de l'aggloméation Tour(s) Plus). Celui-ci précise le contenu du projet gagnant du concours "Ouvrir les passages" de 2015 (pages 1, 2, 3, 4) avec notamment ces deux illustrations :
Au delà de l'étonnement de voir des habitants se prélasser sur une plage de béton juste à côté de 8 voies autoroutières avec leur vacarme (résonnant sous le pont...) et leur pollution (cf. page du blog Pressibus), on note que cela correspond à une ouverture beaucoup plus large que l'image diffusée par la NR le 30 juin 2015 (voir ci-dessus). Mais, contrairement au schéma de l'atelier National, il n'y a pas creusement au-dessous du niveau du passage de la rue du Dr Zamenhof à 50,50 m.
Il y a donc actuellement de grandes incohérences entre cette demi-mesure de rétention (de type digue avec déversoir) et la volonté de faciliter l'écoulement des eaux (avec effacement des remblais). Pour reprendre le schéma "Avant" "Après" de la feuille de route, cela revient à mettre en place une étape "Intermédiaire" où l'ouvrage garderait un rôle de rétention des eaux (à 50,50 m, plus bas que les 53 m de "Avant" et plus haut que les 46 m de "Après"), si bien que ce serait encore une digue (plus précisément une digue-déversoir), qu'il faudrait à nouveau classer :
Le document de l'ATU indique que "Il est envisagé de lancer les premiers travaux courant 2017, sur le site du tapis "jardin"" (admirez l'utilisation de ces deux mots "tapis" et "jardin" pour désigner une plage de béton avec embruns pollués...). On y trouve deux autres pages qui sont encore plus inquiétantes, montrant la volonté de laisser s'étendre les inondations pour provoquer un "renouvellement urbain", voir la page voisine avec une carte montrant tout le val inondé, notamment par des trouées dans la digue du Canal. Ainsi, au-delà des atermoiements, on reste dans l'objectif de mise en transparence pour que l'eau puisse s'écouler sans entrave.
De plus, depuis le 26 juin, le site de l'ATU présente ce schéma avec commentaire :
(cliquez pour agrandir)
Cela montre combien ce secteur est devenu un terrain de jeu pour aménageurs oubliant qu'une priorité devrait être donnée à la sécurité des habitants. Il est toutefois possible que, sur quelques points (par exemple le pont du milieu à gauche), il reste des sous-projets compatibles avec l'intégrité de l'ouvrage. On remarque aussi que ne figure pas sur ce schéma une bretelle d'autoroute. Qu'est donc devenu le projet de début 2015 ? Il est probable qu'à côté de cet aménagement à court terme de l'ATU, d'autres soient en gestation, notamment du côté de Saint Pierre des Corps...
8 juillet. nous prenons connaissance de la réponse de la Ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, en date du 22 juin, à la lettre du député de Tours Jean-Patrick Gille (voir son site), suite à notre rencontre d’avril dernier. Ses services confirment, en utilisant des termes moins forts, que la digue du Canal serait inutile et dangereuse. La ministre affirme que les "élus de l’agglomération se sont déjà mobilisés" autour des objectifs de l’Atelier National, alors que seuls ceux de Saint Pierre des Corps l’ont fait. Elle estime "qu'il appartient aux collectivités locales de définir les systèmes d'endiguement qui sont nécessaires pour les territoires dont ils ont la charge". Pourquoi alors l'Etat a-t-il déclassé la digue du Canal et détruit le système d’endiguement avant de se désengager ? Par cette phrase qu’elle "tient à souligner", la Ministre reconnaît elle-même l’excès de précipitation de ses services !
La Ministre souhaite aussi une participation des habitants. On a vu ce que cela a donné avec un PPRI adopté malgré la vive opposition des habitants qui ont participé la concertation de l’avant-projet PPRI et à l'enquête publique.
Les frayeurs de début juin ne remettent pas en question nos décideurs. Ils veulent toujours faciliter l'écoulement des eaux sur le val habité de Tours...
20 juillet. Dépot d'un recours. Dans un communiqué faisant le point de la situation, l'AQUAVIT annonce le dépot d'un recours auprès du Tribunal Administratif d'Orléans afin que soit retiré l'arrêté de déclassement de la digue du Canal. Le cabinet d'avocats de Christian Huglo et Corinne Lepage est chargé de mener à bon terme cette procédure. Au delà, le but est d'abandonner la dangereuse, arbitraire et précipitée "expérimentation" en cours pour revenir à une classique stratégie défensive contre les inondations, basée sur des critères scientifiques et approuvée par la population.
Septembre 2016 : recours gracieux contre le PPRI
16 septembre. La révision du PPRI ayant été promulguée par le Préfet d'Indre et Loire le 18 juillet, plusieurs habitants déposent des recours gracieux telS que celui-ci.
28 septembre. Le jour anniversaire de la mort du soldat Paul Nivelle, sacrifié pour sauver Tours de l'inondation de 1866, en eessayant d'éviter la brèche de Conneuil, l'AQUAVIT publie un communiqué titré 1866-2016 : ne pas baisser la garde. Est aussi publiée en page voisine une étude de François Louault, agrégé de Géographie, titrée Les leçons des inondations de juin 2016.
30 septembre. A l'occasion du forum des associations en l'hôtel de ville de Tours, nous publions un bulletin faisant le point sur les inondations de juin et les décisions récentes, ainsi que l'affichette ci-contre, reprenant des illustrations d'une exposition qui vient de s'ouvrir dans les locaux de Tour(s) Plus.
Le maire précédent voulait transformer ce lieu bruyant et pollué sous l'autoroute en déchèterie. Nous passons d'un excès à l'autre. De fait, ce lieu de passage pour automobiles, poids-lourds et autobus est actuellement un parking-relais utile et pratique. Le blog Pressibus, en cette page, présente l'intégralité des 12 panneaux de l'exposition et fait le point avec les objectifs de l'Etat et de l'Atelier National, signalant que "Toute cette opération ressemble à un leurre, une étape intermédiaire fictive pour introduire progressivement l'application voulue par l'Etat de la dangereuse "feuille de route"".
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Ci-dessous la démolition de la digue du canal (pour agrandir, cliquez sur les images)
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Janvier 2017 : recours en contentieux contre le PPRI
Le 16 janvier 2017, quelques habitants de Tours ont déposé une recours en contentieux devant le Tribunal d'Orléans, demandant l'annulation de la révision du PPRI Vale de Tours - val de Luynes. Le texte de ce recours est publié sur cette page du blog Pressibus. Il y est démontré, avec précisions (citations de l'étude de dangers et autres documents), que la mise en transparence injustifiée de la digue du Canal est la cause de l'accroissement du risque d'inondation sur le val de Tours.
Mars 2017 : Une stratégie qui évolue... un peu
Nous prenons connaissance d'un "document cadre" de 24 pages finalisé en septembre 2016 sur cette page du site de l'agglo. Si rien n'est changé sur le fond, la "résilience" primant sur la sécurité, deux évolutions mineures semblent s'y dessiner.
Le déversoir prévu sur la ville aux Dames n'est plus précisément défini. Le val de Cisse en rive droite de la Loire est cité sans que l'on sache si c'est lui qui doit être "dimensionné" (page 13). La carte de la page 18 continue à montrer un déversoir en rive gauche, sur la commune de la Ville aux Dames, mais de façon moins appuyée que précédemment (le symbole "Organiser l'entrée de l'eau en amont du val" est supprimé).
En ce qui concerne la digue du Canal, il est écrit en page 16 : "Au premier titre, la levée de l’ancien canal, désormais déclassée, doit être mise en transparence. En effet,
en cas de brèche sur le système de premier rang en amont de la levée de l’ancien canal, cette dernière
serait de manière quasi certaine mise en charge jusqu’au maximum possible, ce qui provoquerait sa rup-
ture en raison de sa fragilité et des désordres qu’elle connaîtrait. La rupture de cette levée entraînerait des
dommages irrémédiables à un tissu densément urbanisé aux abords de l’ouvrage, et des vitesses très
fortes dans le reste du val. À noter que, jusqu’à sa rupture, l’obstacle à l’écoulement que créé cette levée
provoque une surélévation de la nappe d’eau sur l’ensemble du casier amont, et peut pousser à un retour
dans le Cher d’un fort débit. Les modalités de cette mise en transparence restent à affiner : il ne s’agit pas
nécessairement d’araser l’ouvrage sur l’ensemble de son linéaire mais plutôt de privilégier un effacement
sur les tronçons les plus stratégiques et où cela est le plus simple. Il sera également nécessaire de prendre
en compte les autres fonctions (protection visuelle et auditive, promenade, etc.) de cet ouvrage.
"
Le discours officiel a donc changé, il ne dit plus que la fragilité est "certaine" "dans les différents scenarii étudiés", alors qu'elle ne l'est que dans le seul scénario extrême dans l'étude de dangers de 2013. Elle prétend désormais que "en cas de brèche sur le système de premier rang en amont de la levée de l’ancien canal, cette dernière serait de manière quasi certaine mise en charge jusqu’au maximum possible, ce qui provoquerait sa rupture en raison de sa fragilité". On ne sait pas sur quelle base scientifique repose cette affirmation, assurément pas sur l'étude de 2013. Une nouvelle fois, des propos catégoriques sont assénés sans qu'on connaisse la source de ces informations. Soulignons encore qu'une telle déclaration est contredite par la crue de 1866 où la digue avait tenu bon.
En résumé, les éléments de langage changent, le fond reste, ainsi que la méthode autoritaire employée. Le processus de définition de la SLGRI, qui devait permettre d'après le ministère de l'environnement un dialogue, écarte toujours les associations environnementales telles que l'AQUAVIT.
Juin 2018 : recours rejeté, travaux non autorisés par l'arrêté de déclassement
Notre association avait déposé un recours en contentieux devant le Tribunal Administratif d’Orléans afin d’obtenir l’annulation de l’arrêté préfectoral de déclassement. Nous venons d’apprendre que nous sommes déboutés et donc que le déclassement est maintenu. Toutefois, le jugement souligne que l’arrêté "n'autorise pas, par lui-même, la réalisation de quelconques travaux, ni de construction, ni de démolition"». Ainsi "la mise en transparence à court terme", objectif écrit de cet arrêté n’est plus de mise dans le "court terme". Il faudrait de nouvelles autorisations, que nous pourrions attaquer en Justice.
Liens:
Décembre 2020 : sans digue, la cour d'appel administrative estime que le risque inondation augmente jusqu'à La Riche
Le 22 décembre dernier, la cour administrative d’appel de Nantes a débouté le groupe Casino et la société Mercialys en charge de la galerie marchande du centre commercial La Riche Soleil, en bordure du Cher, voulant faire annuler l’arrêté préfectoral qui avait entériné, en 2016, la révision du plan de prévention du risque naturel inondation Val de Tours-Val de Luynes. L'article du 26 décembre 2020 de la Nouvelle République montre que cette interdicton d'agrandissement en amont de Tours est causée par la fragilité ou la destruction partielle de la digue du canal. Or cette fragilité est fictive puisque reposant sur une étude de dangers présentant de multiples failles et la digue reste en son état évalué bon en 2011, par cette même étude de dangers, très indécise et refusant de conclure (rappel : voir notre évaluation). Pour empêcher une inondation par l'aval de Tours et La Riche, la digue du Canal reste donc essentielle et il est heureux qu'en 2018, la cour Administrative d'Orléans ait refusé toute démolition sans, au préalable, une étude et une consultation de la population.
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