Le classement initial des digues de classe A du val de Tours a été opéré à partir de
l’identification des digues existantes, et sur le fondement des connaissances disponibles à
l’époque.
Ainsi, l’arrêté du 15 mai 2009 a conduit à classer, en complément du système d’endiguement de « premier rang » (le long de la Loire et du Cher), un ouvrage transversal de « second rang » : la « levée de l’ancien canal », situé le long de l’autoroute A 10, à la limite des communes de Tours et de Saint-Pierre-des-Corps. Cet ouvrage n’est susceptible de mise en charge qu’en cas de rupture du système d’endiguement de premier rang. | |
D’une longueur de près de 4 km, il est historiquement issu de la conservation de la levée
latérale OUEST de l’ancien canal de navigation qui reliait la Loire au Cher au 19 ième siècle,
tombé en déclin du fait du développement du rail, et comblé au 20 ième siècle (la levée latérale
EST de l’ancien canal a elle été détruite). Parfois difficile à identifier sur le terrain, cet ouvrage
a des caractéristiques complexes :
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Cet ouvrage n'est pas issu de la "conservation" de la levée Ouest (seule la levée Est restait inchangée, "conservée"), mais de son très fort renforcement (élargissement, élevation) en 1860, après la catastrophe de 1856. Il a fait ses preuves en 1866 en sauvant Tours de l'inondation. Il fut encore renforcé en 1870 puis au début du XXème siècle, puis vers 1970 avec les remblais de l'autoroute.
Ainsi, dès 1860 il était destiné à résister aux pressions les plus fortes. |
L’ensemble complexe formé par la levée de l’ancien canal est d’ailleurs composé de plusieurs tronçons distincts, auxquels vient s’ajouter, par cohérence du système d’endiguement, une partie du boulevard Richard Wagner qui permet, grâce à sa configuration en remblais, d’assurer, au sud, la connexion de l’ouvrage avec le tertre des rives du Cher. L’étude de danger des digues de classe A a mis en évidence des dangers spécifiquement induits par la levée de l’ancien canal, inhérents à son faible niveau de sûreté. | Comme nous l'avons montré en notre évaluation de l'étude de dangers 2013, les éléments justifiant un "faible niveau de sécurité" présentent de lourdes incohérences qui, s'ils pourraient être justifiées dans les cas les plus extrêmes, ne le sont pas dans les autres cas. |
En effet, dans les
différents scenarii étudiés, la levée de l’ancien canal présente une probabilité de rupture
certaine sur 43 % de son linéaire.
| L'étude de dangers de 2013 ne présente de telles ruptures que dans le seul cas d'eau montant au dessus des batardeaux à 52 m NGF. Les risques au niveau sans batardeaux (50 m NGF) sont bien moindre. De plus les risques que présente deux tableaux de cette étude sont grandement exagérés, par rapport à d'autres éléments de la même étude. Dire que cette digue est inutile et dangereuse dans les différents scénarios étudiés, est donc fallacieux. |
Les effets d’une telle rupture en cas de mise en charge de cette levée par l’Est seraient
catastrophiques pour les quartiers très urbanisés de Velpeau et Beaujardin sur la ville de Tours,
avec des destructions de bâti potentiellement importantes.
| A supposer que ce soit juste dans les cas les plus extrêmes, pouvant donner lieu à des mesures spécifiques, cela n'enlève rien à l'utilité de la digue dans les autres cas. |
Cette fragilité est notamment due au profil géométrique défavorable de l’ouvrage (initialement
conçu pour retenir un simple canal), dont la base est étroite et la hauteur importante, et que
l’insertion en milieu urbain rend très difficilement améliorable.
| Nous avons montré que la coupe de la digue présentée dans l'étude de 2013 est erronée. Le profil de cet ouvrage n'apparaît pas fragile. Et on a vu qu'il a bien été conçu pour résister à l'inondation de référence de 1856 et a montré en 1866 son efficacité. |
Par ailleurs, un phénomène de rupture inverse est également possible, dans une moindre
mesure, en direction de Saint-Pierre-des-Corps, en cas de défaillance de la digue de premier
rang en aval du pont de l’A 10 à Tours, en raison de la très faible pente du val, qui facilite le
remous vers l’amont et qui conduit alors également à mettre en charge la levée de l’ancien
canal par l’ouest .
| Effectivement. Les habitants de St Pierre des Corps devraient se rendre compte que cet ouvrage les protège eux aussi. D'ailleurs ce risque de rupture en aval, avec une brêche vers le pont Mirabeau, est augmenté par le renforcement récent des digues à Montlouis et La Ville aux Dames. Une mise en transparence de la digue augmenterait donc les risques d'inondation sur St Pierre des Corps, comme plus généralement sur les 18 communes du val de Tours, val de Luynes. |
Enfin, de manière générale, l’étude de dangers met en évidence l’impact défavorable de la levée de l’ancien canal sur les écoulements dans le val inondé : obstacle à l’étalement de la nappe d’eau induisant une hauteur de submersion d’autant plus importante sur une partie du territoire, effet accélérateur du courant dans les points de passage, et effet ralentisseur de la vidange du val en fin d’événement. |
Certes, le compartimentage, qui protège tantôt Tours / La Riche, tantôt St Pierre des Corps, a pour avantage de diminuer sensiblement les risques d'inondation, mais, si inondation il y a, il a le désavantage de provoquer une vidange plus lente. La priorité n'est-elle pas d'éviter les inondations ?
Pour l'effet accélérateur, l'étude de 2013 n'est pas assez fiable pour conclure sur sa puissance. Outre l'analyse défaillante des points de fragilité, la pression exercée sur un ouvrage de second rang ne doit pas être considérée semblable à la pression sur une digue de premier rang. |
Constatant l’ensemble des inconvénients de la levée de l’ancien canal, l’étude de danger invite explicitement, dans sa conclusion, à statuer sur le devenir de l’ouvrage. | Elle invite à le faire après étude complémentaire, présentant plusieurs hypothèses dont le renforcement de la digue, et après concertation approfondie, ce qui n'a pas été fait. Pire, cette étude de 2013 est restée confidentielle afin qu'on ne découvre pas ses conclusions réelles et ses failles qui la décribilisent. |
De manière générale, les enseignements sans précédent de l’étude de dangers ont donné lieu,
dès leur diffusion, à de multiples actions initiées par l’État visant à augmenter la protection de
la population, et notamment :
| Effectivement une telle étude, contredisant toutes celles effectuées depuis 160 ans, avec failles et incohérences, est "sans précédent". Elle aurait pu être corrigée par les études complémentaires qu'elles préconisait, mais celles-ci n'ont pas été réalisées, des aménageurs ayant détourné à leur profit le sens de l'étude. |
Ces enseignements ont également contribué à l’émergence d’une nouvelle approche de la gestion du risque inondation entre l’État et les collectivités locales, facilitée par la conduite, durant toute l’année 2014, d’un atelier national soutenu par le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE), sur le site du val de Tours. Cet atelier « territoires en mutations exposés aux risques » a permis, autour d’une équipe d’ingénierie pluridisciplinaire de très haut niveau, la définition entre l’État et les collectivités locales de principes d’aménagement et de gestion du territoire de nature à réduire significativement sa vulnérabilité au risque inondation, tout en accompagnant son renouvellement de manière ambitieuse. | Cet atelier d'aménageurs et d'urbanistes, sans aucune base juridique, n'avait pas la compétence pour évaluer les risques, surtout sur la base d'une telle étude. Sont but était tout autre : détruire pour reconstruire ("permettre le renouvellement urbain derrière les digues, les nouveaux bâtiments seront conçus pour être plus solides que les anciens"). La sécurité des habitants a été négligée au profit de telles ambitions. |
Dans ce cadre, le devenir de la levée de l’ancien canal a été particulièrement étudié, pour aboutir à la conclusion de la nécessité de son abandon définitif en tant qu’ouvrage de défense contre le risque inondation, | A notre connaissance aucune étude de ce type n'a été menée, ou alors elle est confidentielle, ce qui n'a pas lieu d'être. Et elle ne pourrait pas être crédible puisque basée sur l'étude défaillante de 2013. |
et de sa mise en transparence partielle, dans les secteurs où cela s’avère possible (c’est-à-dire principalement dans les secteurs où elle n’est pas intégrée aux ouvrages et remblais de l’A10). | Mettre en transparence la digue, c'est inonder les villes de Tours et La Riche (sens amont-aval) ou celle de St Pierre des Corps (sens aval-amont) à la moindre crue au delà des digues de premier niveau, ne serait-ce que de 1 m de hauteur, alors que cette digue peut sans difficulté, à coup sûr, retenir au moins 2 mètres d'eau (hauteur "sans batardeaux") et probablement bien davantage. C'est accroitre de façon très importante les risques d'inondation pour les 130.000 habitants du val de Tours. |
Il s’agit de mettre en adéquation le profil de la digue et la charge hydraulique qu’elle supporte. | Il ne s'agit pas du tout de se mettre en adéquation avec la charge hydraulique : l'étude de 2013, après correction, en apporte la preuve au moins jusqu'au niveau sans batardeaux. |
Une fois le déclassement effectif, la mise en transparence de cet obstacle (devenu un remblai en zone inondable) devra être recherché et rendu opérationnel par tous les moyens, de manière totale ou partielle. | On sent une volonté implacable, de détruire la digue "par tous les moyens" possibles, y compris ceux que nous avons déjà subis, d'étude défaillante camouflée, de refus de concertation et d'enquête publique pour que la population soit mise devant le fait accompli. Outre la protection contre les crues pour l'ensemble du val de Tours, cet ouvrage présente d'autres avantages environnementaux pour les riverains, les protégeant des nuisances de l'axe autoroute - avenue Pompidou (bruit, pollution, vibrations...). Cela est complètement ignoré. Il y a une appropriation de la digue par les riverains. |
Les effets de cette mise en transparence sur le risque de rupture de l’ouvrage seront modélisés et analysés dans une étude hydraulique. | Ainsi on commence par déclasser et ensuite on se préoccupe des conséquences. Est-ce une attitude responsable ? |
Les résultats de cette étude en termes de conséquence sur l’aléa seront pris en compte dans le
PPRI. Une procédure d’évolution du PPRI sera alors engagée pour supprimer totalement ou
partiellement la zone de dissipation de l’énergie liée à la levée de l’ancien canal, sans pour
autant supprimer le risque lié à la hauteur de submersion ou aux vitesses d’écoulement
potentielles, qui pourraient se voir localement augmentées.
Par ailleurs, la prise en compte des résultats des études de danger des digues de classe B (voir chapitre 2-6) pourra également entraîner soit des révisions partielles de PPRI, soit des modifications de celui-ci. |
Comment peut-on réviser un PPRI de cette façon, en disant que déjà ce n'est pas au point et qu'il faut d'autres études pour corriger les conséquences des décisions prises ? C'est mettre la charrue avant les boeufs.
Tout ce processus de déclassement, basé sur des informations incorrectes présentées comme alarmantes, se fait de façon précipitée pour empêcher tout dialogue, toute analyse approfondie et toute contestation. Au détriment de la sécurité des habitants. |