Tours, le 24 février 2016 Madame la Ministre,Par courrier du 1er octobre 2015, nous vous avions alertée sur le déclassement imminent de la "digue du canal" protégeant le val de Tours des risques d'inondation. Par votre réponse du 21 octobre, vous nous faisiez part de l’importance que vous accordiez à ce sujet. Le 12 novembre dernier, nous vous également informé du long échange que nous avions eu avec le Directeur des Territoires d’Indre et Loire, représentant du Préfet sur ce sujet, semblant témoigner d’une prise de conscience des enjeux. Peu après, nous prenions connaissance, début décembre, du contenu de l’avant-projet de révision du PPRI Val de Tours – Val de Luynes, qui intégrait la décision de déclasser la digue du Canal, et sa « mise en transparence » avec toutes les implications hydrologiques afférentes. Le projet d’arrêté préfectoral de déclassement de septembre apparaît acquis, avant même la seconde phase de consultation de la révision et l’enquête publique. Sur le site de la Préfecture d’Indre et Loire, nous ne trouvons pas confirmation de cet arrêté à ce jour, de même qu’il avait été très difficile d’obtenir l’étude de dangers l’étayant. Les réunions d’information ont pourtant montré une exaspération des citoyens et de certains élus. Après analyse (1), l’Etude de dangers de 2013 s’avère avoir servi de prétexte tardif à ce déclassement express. Elle proposait « deux scénarios d'aménagement : soit une mise en transparence, soit la réalisation de travaux de confortement pour qu'elle puisse remplir son rôle de protection. […] Cela suppose de mener une étude pour définir le devenir de la digue du canal et les travaux consécutifs à accomplir. Cette étude nécessitant une concertation approfondie, elle pourra également s'inscrire dans le cadre d'élaboration d'une stratégie locale ». Il n’y a eu ni stratégie locale, ni concertation, ni étude, mais un choix délibéré des services de l’Etat, dont la volonté de désengagement est une évidence. Par ce choix, nous estimons que l’Etat abandonne une fonction régalienne et met en danger les biens et les personnes du val de Tours. Pire, ce déclassement est motivé par des arguments contestables et des projets rejetant au second plan les enjeux de sécurité. C’est même un « atelier national » de 2014, conduit par votre ministère, qui, en premier, sans la moindre base scientifique et juridique, a décrété que l’ouvrage est « inutile et dangereux », débouchant sur toutes sortes de projets dont certains sont imminents (sortie d’autoroute aux Atlantes – Ikéa (2) repris par le concours « Ouvrir les passages » en 2015…). Nous soulignons la vive hostilité des habitants les plus informés et leur motivation à défendre un ouvrage qu’ils se sont appropriés de longue date, d’ailleurs défendu par tous les maires précédents de Tours. En conséquence, notre association ne peut admettre une telle atteinte à la sécurité des biens et des personnes. Elle utilisera toutes les possibilités judiciaires pour y mettre fin. Nous espérons que votre ministère prendra enfin conscience de la dangerosité fortement accrue d’un déclassement injustifié d’un point de vue technique et sécuritaire. Le risque existait certes déjà pour les crues les plus exceptionnelles, il s’étend désormais considérablement, à la moindre défaillance du système d’endiguement de premier rang. Le nouveau PPRI de 2016 présentera ainsi la spécificité d’être à la fois plus contraignant et moins protecteur que le précédent ! Et il se révèle totalement incohérent puisqu’il déclasse la digue tout en établissant une cartographie du risque qui suppose son maintien (zone de dissipation d’énergie…). Madame la Ministre, nous vous demandons de mettre fin à cette précipitation irraisonnée, de renoncer à tout déclassement à court terme, discréditant l’actuelle révision du PPRI, pour revenir aux conclusions de l’étude de 2013 : études complémentaires, concertation citoyenne, stratégie locale, avant de choisir le scénario d’aménagement. En vous remerciant de l’intérêt que vous portez à ce dossier, je vous adresse, Madame la Ministre, mes salutations respectueuses.
François Louault
(1) : aquavit37.fr/2015digue/rapport2.html Cette étude de dangers de 2013 présente par ailleurs des fortes contradictions, expliquées par le caractère expérimental de la démarche de simulation (echogeo.revues.org/13445 : « on est encore un peu dans de la recherche »). On y apprend que la dernière visite technique, de 2011, juge la digue « très peu dégradée ». (2) : www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2015/01/29/Autoroute-A-10-un-echangeur-aux-Atlantes-2202897 En pièce jointe, le communiqué que nous publions ce jour. |